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L’été littéraire et musical des Deux Magots, le 27 juin à Saint-Germain-des-Prés © Jean-Ralph Adiba

Ambiance Midnight in Paris aux Deux Magots pour un été littéraire et musical hors du temps

Le 27 juin, le temps s’est arrêté aux Deux Magots qui organisait son traditionnel « Eté littéraire et musical » avec la présence des artistes Cali, André Manoukian, Olivia Ruiz et Mathias Malzieu. Entre musique et littérature, la magie a opéré toute la nuit.

Depuis que Saint-Germain-des-Prés a été colonisé par des boutiques de luxe, qui ont peu à peu chassé les librairies rares incarnations du passé culturel du quartier, les Deux Magots se dressent encore fièrement, debout sur la Place de l’Eglise. Ce lieu de culture de l’après-guerre, qui a rassemblé des écrivains célèbres, allant de Vian, Sartre, Beauvoir, Prévert, à des cinéastes comme Godard, Truffaut, et des artistes comme Giacometti, Juliette Gréco, a contribué à les rendre culte. En gardant cet esprit du passé où Jazzmen et Zazous, ont participé à la grandeur de ce quartier mythique, la présidente des Deux Magots, Catherine Mathivat ressuscite avec ses soirées jazz, ses prix littéraires, dans un cadre rénové dont les murs offrent une surface conséquente pour y exposer des œuvres qui seront peut-être les classiques de demain, ces ambiances du passé glorieux de Saint Germain, qui sont plus que nécessaires pour maintenir la légende.

Séances de dédicaces sur la terrasse ensoleillée

Olivia Ruiz et André Manoukian en pleine séance de dédicace aux Deux Magots © Jean-Ralph Adiba

Il régnait ce 27 juin une ambiance joyeuse et festive aux Deux Magots, mais aussi une « saudade » que les artistes brésiliens expriment souvent dans leur chanson, ce sentiment étrange où se mêlent mélancolie, nostalgie et espoir. Une nostalgie laissée par le covid, où le pincement au cœur est encore présent, mais aussi l’espoir de retrouver un jour ce monde d’avant perdu à jamais. Cette soirée à l’image du film Midnight in Paris de Woody Allen, en nous transportant hors du temps, était venue clore une saison brillante d’événements littéraires et musicaux, ponctuant une année culturelle par des soirées Jazz qui ne sont pas sans évoquer les grandes heures de Saint Germain. Les premiers arrivés ont eu la chance de voir et entendre Mathieu Malzieu assis devant les Deux Magots accorder son ukulélé blanc, qui venait de lui être offert par sa compagne Doria Nelson, entamer quelques notes avant le concert qui allait suivre. Mais avant, assis derrière les mythiques tables de bistrots parisiens pour dédicacer leurs livres, les artistes André Manoukian, Olivia Ruiz, Cali et Mathias Malzieu, tout à la joie de retrouver ce contact avec le public, s’empressaient d’échanger avec les invités. C’est ainsi qu’Olivia Ruiz pour son dernier ouvrage Écoute la pluie tomber aux Éditions JC Lattès, répondait aux questions des lecteurs avec bienveillance. La chanteuse avec ce deuxième roman qui traite encore et toujours de ses thématiques favorites que sont l’Espagne, l’immigration, les racines à travers l’histoire de Marseillette confirme là son talent d’écrivaine. Assis juste à côté, son ex compagnon Mathias Malzieu, lui dédicaçait Le guerrier de porcelaine aux Éditions Albin Michel. Dans cet ouvrage ce dernier mêle sa voix à celle de son père, le petit Mainou neuf ans, qui vient de perdre sa mère, morte en couches à la fin de la guerre. Mais celui qui parle le mieux du Jazz et de Saint Germain, c’est André Manoukian. Avec la passion qu’on lui connait, il nous a rappelé à quel point, Saint-Germain-des-Prés et les Deux Magots, ont été une terre d’accueil pour ces artistes afro-américain qui découvraient avec étonnement et émerveillement qu’ils étaient considérés comme des êtres humains. Après le succès de son premier opus, Sur les routes de la musique, André Manoukian dédicaçait ce soir là Sur les routes du Jazz, aux Éditions Harper Collins, des chroniques qui retracent l’histoire du jazz, en commençant par l’Afrique, mère de toutes les musiques, puis les Amériques avec les esclaves, qui a donné naissance au gospel, au blues, et qui revient sous forme de rumba congolaise ou d’afro-beat. Son ami Cali qui était présent à l’édition 2019, était de retour avec Voilà les anges, publié aux éditions Albin Michel. Troisième roman de l’artiste, Bruno alias Cali, est un chanteur à la cinquantaine cabossé, abandonné par son public, qui après avoir perdu pied, parle de sa vie, de ses joies, ses bonheurs et ses regrets, tout en gardant l’espoir au fil de ses anges rencontrés, réussi à remonter la pente, et trouve la rédemption. Ensuite est venu le moment pour ces artistes écrivains de poser les stylos pour monter sur scène et nous régaler de ce concert tant attendu.

Parce que la nuit nous appartient

Olivia Ruiz et Mathias Malzieu © Jean-Ralph Adiba

La première partie était ambiancé par une excellente formation de Jazz Trio de l’orchestre de Lionel Boccara qui accompagna, la grande chanteuse de jazz, Hetty Kate. La soirée a atteint son point culminant, quand nos quatre écrivains chanteurs sont enfin montés sur scène. Olivia Ruiz accompagnée par les douces mélodies pianistiques d’André Manoukian, a entamé en chœur avec Cali, un Because the night belong together car oui la nuit nous appartenait,  conscients nous étions de cet instant magique, qu’il fallait savourer ce précieux moment que la vie nous laisse encore un peu, et qu’il fallait surtout le vivre, comme si c’était le dernier. Parmi les nombreux invités, Antoine Duléry, Eriq Ebouaney, Roman Serda, Annie Lemoine, Stanislas Merhar se sont enivrés, au propre comme au figuré pour certains. Ce fut une réelle émotion d’entendre ces artistes chanter ensemble des thèmes de musique proposés par André Manoukian, repris à la volée par Olivia Ruiz qui cherchât sur mobile et trouva le morceau, pour ensuite partager la partition avec Cali. Ce fut un bonheur de les entendre passer en revue divers titres de leurs répertoires respectifs, inondant de joie le public invité des Deux Magots. Un autre moment émouvant fut ce magnifique hommage d’Antoine Duléry à Cali, clamé avec la force d’un comédien sur une scène de théâtre. Le clou de la soirée a été atteint quant à l’issu du concert, une surprise était réservée à Cali pour son anniversaire, qui a reçu un gâteau porté par sa fille Coco, et qui était extrêmement touché par cette affectueuse attention de la part de la présidente des Deux Magots Catherine Mathivat et de Carole Fernandez. Les deux femmes nous ont confié à la fin, à quel point « la soirée fut une réussite » pour Catherine Mathivat et Carole Fernandez la directrice de communication  d’avouer qu’elle « adorait organiser ce genre de soirée ».

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