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Joséphine Baker © DR

Joséphine Baker : l’autre icône de la mode

Joséphine n’avait pas qu’une ceinture de bananes, elle avait aussi une ribambelle de talents qui ont contribué à révolutionner le monde de la beauté. 

Joséphine Baker a été l’initiatrice d’une période charnière dans le monde de la mode, celle des flappers aux États-Unis, plus connue en Europe sous le nom de « garçonnes ». Cette époque, qui se situe à la fin de la Première Guerre mondiale et que l’on appellera les « années folles », occasionnera un basculement important.

Joséphine Baker

 Joséphine Baker © DR

Joséphine Baker incarnait le miroir vivant des fantasmes d’une France coloniale

L’implication des femmes dans les activités industrielles pendant la Grande Guerre leur permettra de revendiquer fermement un changement de statut social et de fortement s’investir, ce qui conduira à d’importants changements de posture et de comportement : on raccourcit les robes, on supprime le corset, on coupe les cheveux, et, aux États-Unis, on accorde le droit de vote aux femmes. Elles porteront également fièrement le rouge à lèvres comme emblème de leurs revendications. Tout ceci aura un impact majeur sur les attitudes vis-à-vis de l’esthétique, et les gammes de produits cosmétiques s’en trouveront totalement métamorphosées. C’est le début de la période où les principales marques américaines, en particulier les grandes dames de la beauté comme Helena Rubinstein ou Elizabeth Arden vont affirmer leur domination sur le marché. En Europe, les choses changent moins et les grandes fabriques continuent de dominer la situation. Cependant, en France, à l’instar de Paul Poiret qui supprima le corset dès 1906, Coco Chanel affirme sa volonté de libérer le corps de la femme. 

Joséphine Baker dans La Folie du Jour, spectacle des Folies Bergères en 1926 © DR

Selon Vanity Fair, “avec la ceinture de bananes, Joséphine Baker incarnait le miroir vivant des fantasmes d’une France coloniale, dont elle se jouait avec érotisme“. À son arrivée à Paris en 1924 la mode était à la pâleur et à la rondeur avec taille de guêpe. Joséphine a apporté la mode de la minceur, du bronzage et la coupe à la garçonne. Les femmes voulaient lui ressembler en s’imposant de longues séances de bronzage dangereuses pour leur santé. « Les Françaises s’enduisaient de brou de noix pour ressembler à Joséphine Baker », selon Anna Topaloff, peut-on lire dans L’Obs. Certains instituts de beauté ont alors lancé les crèmes protectrices. C’est aussi à cette époque que le corps de la femme s’est affiné et musclé. Première égérie noire de la haute couture, qu’elle portait sur scène, Joséphine est la pionnière des influenceuses, l’icône d’une forme de libération du corps, y compris dans sa nudité ou sa bisexualité, et d’une manière hardie d’assumer sa couleur de peau.

Son beau corps dénudé démontre que la beauté n’est pas l’apanage des peaux blanches alors que, depuis l’épithète homérique « Héra aux bras blancs », jusque-là la blancheur était considérée comme un critère de beauté.

Joséphine a quasiment lancé la mode des crèmes bronzantes

Joséphine inaugura l’ère des produits dérivés. Dès 1926, son imprésario sicilien et amant d’alors, l’ambitieux Pepito Abatino, avait créé des produits pour développer l’image de sa vedette, au point de lancer une gamme de cosmétiques à l’effigie de Joséphine : la gomina Bakerfix pour se plaquer les cheveux ondulés, l’huile solaire Bakeroil, « une huile qui bronze sans coups de soleil »… Joséphine a quasiment lancé la mode des crèmes bronzantes  bien avant l’apparition des autobronzants. La Bakerskin, quant à elle, était une crème « à brunir » dont on ne connaît pas la formule, peut-être réalisée à partir de la fameuse huile de coco très en vogue à cette époque, et qui, de toute évidence, avait comme fonction de donner à la peau un hâle remarquable. Selon certains, cette crème permettait également d’imiter l’aspect des bas de soie. Le Journal, dans un numéro de juillet 1934, explique qu’elle pouvait également être utilisée pour faire « les raccords » de bronzage.

Crédits : Bridgeman Images. Droits d’auteur : © Archives Charmet-Bridgeman Images

 

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