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La photo des Beatles sur Abbey Road prise par le photographe écossais Iain Macmillan le 8 août 1969 © IAIN MACMILLAN

Les Beatles : leur dernier concert en public en 1966

Le 29 août 1966, alors qu’ils sont au sommet de leur gloire, les Beatles donnent pour la dernière fois de leur carrière, un ultime concert en public à San Francisco. Quelques jours auparavant, John Lennon annonçait à ses partenaires son intention de quitter le célèbre quatuor.

Le 29 août 1966 est un tournant dans la carrière des Beatles. En pleine Beatlemania, leur manager Brian Epstein, accroît les concerts et les contrats des Quatre garçons dans le vent. La tournée américaine de 1966 qui s’annonce alors, est semée d’embûches, aggravée par la déclaration de John Lennon sur le Christ et leur popularité.

Plus populaire que le Christ

John Lennon, Ringo Starr, Paul McCartney et George Harrison à l’aéroport de New York en 1964 ©  DR

A partir de 1962, bien avant les célèbres Yesterday (1965), All You Need is Love (1967), Hey Jude (1968), While My Guitar Gently Weeps (1968) et Let It Be (1970), les Beatles enregistrent plus de 7 albums qui font d’eux des stars planétaires. With the Beatles, Please Please Me et A Hard Day’s Night sont au sommet de tous les hit parades. C’est la Beatlemania, les quatre de Liverpool déchaînent les foules, les fans sont hystériques, et sur scène, leurs chansons sont couvertes par le cri et les hurlements du public, à tel point que John Lennon marmonne des paroles dont lui-même ne se rappelle plus, sans que les fans y voient la moindre différence. Le tournant viendra en mars 1966, quand John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr et George Harrison acceptent de donner une série d’interviews intitulées How Does a Beatle Live ? (« Comment vit un Beatle ? ») réalisée par une de leur amie, la journaliste Maureen Cleave, et qui seront publiés dans le London Evening Standard. Mais l’article qui va déclencher la polémique est celui de John Lennon publié le 4 mars 1966 dans lequel le chanteur probablement sous les effets de la drogue, déclare : « Le christianisme disparaîtra. Il s’évaporera, décroîtra. Je n’ai pas à discuter là-dessus. J’ai raison, il sera prouvé que j’ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus désormais. Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock ‘n’roll ou le christianisme Jésus était un type bien, mais ses disciples étaient bêtes et ordinaires. Ils ont tout déformé et tout décrédibilisé à mes yeux ». En pleine libération des mœurs où la parole, la drogue et le sexe sont affichés et affirmés, ces propos font pschitt en Europe, mais ressurgissent quelques mois plus tard, pendant la tournée du groupe Etats-Unis où ils déclenchent les foudres de l’extrême droite et des conservateurs. Des disques des Beatles sont brûlés en public et le Ku Klux Klan va jusqu’à les menacer. Selon l’historien spécialiste des Beatles Eric Krasker, “à tout moment, ils s’attendent à ce qu’on leur tire dessus ou qu’il se passe quelque chose. Un attentat ou n’importe quoi. La foule devient pour eux un danger”. Le cœur n’y est plus, les désaccords sur les décisions liées à leur contrat avec leur manager, l’incompatibilité entre Paul et John grandissant sans compter l’intrusion de Yoko Ono dans la vie de ce dernier, le 21 août 1966, les Beatles prennent la décision de se séparer, mais gardent encore le secret pendant quelques temps.

Le dernier concert de leur carrière

Les Beatles, le 29 août 1966, au Candlestick Park à San Francisco © Bettmann/CORBIS

Ce 29 août 1966, les quelques fans bravant les menaces de l’Amérique puritaine, se précipitent sur la scène improvisée du stade de Baseball du Candlestick Park de San Francisco. La première partie est assurée par The Remains, Bobby Hebb, The Cyrkle et The Ronettes. La mauvaise publicité causée par les déclarations de John Lennon, ont découragé une partie du public escomptée, et le stade est à moitié vide ou à moitié plein, et c’est le cas de toutes les dates de la tournée américaine. Tempo Production, qui assure la promotion du spectacle, n’arrive à écouler que 25 000 places, alors que la capacité totale est de 42 500. Bien que le ticket proposé à un tarif abordable, soit 4.50 dollars et 6.50 dollars, la production ne rentre pas dans ses fonds avec une facture de 90 000 dollars. Quant au cachet des Beatles, il avait été négocié à  65% du prix de vente des billets, et 50 places gratuites pour les proches. A 20h, les Quatre garçons dans le vent montent sur scène, et entament un show avec 11 titres avec par ordre d’interprétation Rock And Roll Music, She’s A Woman, If I Needed Someone, Day Tripper, Baby’s In Black, I Feel Fine, Yesterday, I Wanna Be Your Man, Nowhere Man, Paperback Writer et Long Tall Sally. Avant de monter sur scène, les Beatles avaient pris soin de demander à leur attaché de presse Tony Barrow, de réaliser un enregistrement du concert. Malheureusement, ce dernier avait utilisé une cassette de 30 minutes, manquant ainsi une partie du concert et le final avec Long tall Sally. Une erreur qui n’évitera pas les enregistrements pirates de circuler. Le lendemain de ce fiasco, les Beatles partent pour Los Angeles, et le 30 août, rejoignent Londres, où l’attendent des milliers de fans en furie.

Never « Get Back »

Le célèbre dernier concert des Beatles, sur le toit de leur QG général d’Apple Corps à Londres © Disney

De retour à Londres, les Beatles ne font pas état de leur décision de séparation et bottent en touche à chaque interview. De son côté, John Lennon s’envole le 5 septembre pour Hanovre, et retrouve Richard Lester pour commencer la production de How I Won the War (Comment j’ai gagné la guerre), le film pour lequel Lennon avait composé Strawberry Fields. Les Beatles qui ont décidé de ne plus faire de concert, se cloîtrent dans les studios EMI d’Abbey Road à Londres, et en 1967, paraît leur huitième album Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band, considéré comme leur plus grand chef d’œuvre. La dernière fois que l’on verra les Fab Four en public, sera le 30 janvier 1969, où ils improvisent un concert sur les toits d’Apple Records, à Londres pour le tournage de Let it be. A midi à l’heure où les salariés sortent déjeuner, en levant la tête, ils découvrent ébahis les Quatre garçons dans le vent qui chantent dans le froid glacial londonien. Le show dure 42 minutes, et crée un attroupement et des problèmes de circulation, avant d’être interrompu par la police. Les quatre de Liverpool finiront par se séparer définitivement en 1970, après dix ans de succès, 12 albums et plus de 200 chansons. 

Dimanche 30 janvier 2022, soit 53 ans après le célèbre concert d’adieu, Get Back : The Rooftop Performance réalisé par Peter Jackson après un long travail de restauration, est sorti aux États-Unis dans 80 cinémas Imax, au Royaume-Uni et sur Disney + en audio numérique.

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