Jean-Luc Mélenchon, le 21 novembre 2017 à l’Elysée, en compagnie d’Emmanuel Macron © Ludovic Marin

Elections législatives : la coalition de gauche entend empêcher le camp présidentiel de disposer de la majorité absolue

Nouveau record d’abstention, estimée à 52,3 %, pour le premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin. La majorité présidentielle n’est pas certaine d’obtenir la majorité absolue, et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) serait la deuxième force dans l’Hémicycle.

Ce dimanche 12 juin, deux mois après l’élection présidentielle, les Français étaient de nouveaux appelés aux urnes pour élire les députés de leurs circonscriptions. Au total, au sein de l’hémicycle, 577 sièges sont à prendre. La majorité présidentielle n’est pas certaine d’obtenir la majorité absolue (289 sièges). En attendant un deuxième tour plein de suspens, voici les projections annoncées. 

« Une semaine pour faire barrage à Macron »

Estimation Ifop-Fiducial de la future Assemblée nationale © Piktochart

« Il nous reste une semaine pour faire barrage à Macron », a lancé François Ruffin, candidat de la NUPES qualifié au second tour dans sa circonscription de la Somme. Avec 25,65% des voix au premier tour, la coalition de gauche fait quasiment jeu égal avec Ensemble ! Autant dire que la majorité présidentielle va avoir des sueurs froides et être en apnée pendant les prochains jours. A quoi va donc ressembler l’Assemblée Nationale dans les prochaines semaines ? L’institut de sondage Ipsos-Sopra Steria a fait une projection de sièges, au soir de ce premier tour des élections législatives. Ensemble (la République en marche, le MoDem, Agir et Horizons) obtiendrait entre 255 et 295 sièges, dont 189 à 219 pour La République en marche, 45 à 50 pour le MoDem, 21 à 26 sièges pour Horizons. La Nupes, entre 150 et 190 sièges, dont 10 à 16 pour le Parti communiste, 96 à 115 pour La France insoumise, 24 à 29 pour le Parti socialiste, 20 à 30 pour Europe Ecologie-Les Verts, 15 à 25 pour les divers gauches. Les Républicains-UDI-DVD, entre 50 et 80 sièges. Le Rassemblement national, entre 20 et 45 sièges. Les autres partis entre 10 et 17 sièges. A défaut de pouvoir envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon qui espérait avec son slogan « Elisez-moi Premier ministre », habiter 57, rue de Varenne, la NUPES entend désormais empêcher Emmanuel Macron et le gouvernement d’obtenir la majorité absolue. Autrement dit « enquiquiner » Emmanuel Macron. « Le parti présidentiel est battu et défait. (…) Déferlez sur les bureaux de vote », a donc appelé un Jean-Luc Mélenchon.

A quoi va donc ressembler l’Assemblée nationale ?

L’assemblée Nationale © Pascal Kiszon 

Le président de la République Emmanuel ne disposerait donc que d’une majorité relative. Un scénario qui s’est déjà produit en 1988, après la réélection de François Mitterrand. A l’époque les socialistes, parti du président Mitterrand, ont dû gouverner sans majorité absolue à l’Assemblée nationale. Avec seulement 275 députés, ils durent tenir ainsi jusqu’en 1993. Il faut rappeler que deux ans auparavant, la France avait connu sa première cohabitation en 1986 lorsque Jacques Chirac fut nommé Premier ministre en achevant le premier septennat de François Mitterrand. Une cohabitation difficile comme le révélera deux ans après Jacques Chirac sur TF1, le 7 décembre 1990 :  « Je ne vous cache pas que cela n’a pas toujours été facile. Je n’ai pas eu pendant cette période, si j’ose dire, un lit de roses« . Deux ans après donc en 1986, les trois Premiers ministres qui se succédèrent, Michel Rocard, Edith Cresson première femme Première ministre sous la Vème République, et Pierre Bérégovoy, furent contraints de négocier tantôt avec les communistes PC, tantôt avec le groupe centriste UDF. Un coup à gauche, un coup à droite, un « en même temps » cher à Emmanuel Macron avant l’heure. Le président de la république n’aura donc pas à suivre l’article 20 de la Constitution qui l’oblige à nommer le Premier ministre, issu du groupe majoritaire, qui « déterminerait et conduirait la politique de la nation ».

Une chose est sûre, il va y avoir du sport dans cette future Assemblée nationale, pour ne pas dire capharnaüm. La NUPES ne compte pas faciliter les réformes du Président de la République, surtout celle sur la retraite. Même sans Mélenchon qui ne s’est pas représenté à la députation, la relève est assurée avec un François Ruffin qui ne mâche pas ses mots et une jeune garde incarnée par Julien Bayou, 41 ans, ancien militant de Génération précaire (contre la précarité des stagiaires), de Jeudi noir (contre le mal-logement) et du mouvement social Nuit debout consécutif à la loi travail de 2016. Devenu porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts en 2013, puis conseiller régional d’Ile-de-France depuis 2010, et secrétaire national d’EELV en 2019, c’est lui qui a conduit les tractations avec La France insoumise, faisant des Verts le premier partenaire du parti de Jean-Luc Mélenchon dans la NUPES, avant les communistes et les socialistes.

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