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Julian Assange, à Londres en décembre 2011 ©

WikiLeaks : Julian Assange pourra-t-il échapper à l’extradition et éviter 175 ans de prison aux Etats-Unis ?

Le gouvernement anglais a approuvé le17 juin, l’extradition du plus célèbre des lanceurs d’alerte Julian Assange, dont la justice américaine réclame la tête depuis 2010, pour la diffusion de document classés top secret. Il risque cent soixante-quinze ans de prison.

Depuis l’histoire du Watergate, c’est le plus gros scandale d’espionnage politique américaine dénoncé par un journaliste. Contrairement au Watergate qui avait abouti, en 1974 à la démission de Richard Nixon alors président des Etats-Unis, Julian Assange âgé de 50 ans, est poursuivi aux Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison pour une fuite massive de documents confidentiels via son site WikiLeaks. Sa famille et ses partisans estiment qu’il a toujours été un journaliste et un défenseur des libertés de la presse et d’expression.

WikiLeaks, informer à n’importe quel prix

Julian Assange le 5 février 2016 à l’ambassade d’Equateur à Londres © BEN STANSALL 

WikiLeaks comme indiqué sur son site, est une organisation médiatique internationale, fondé par Julian Assange en 2006, spécialisée dans l’analyse et la publication de vastes ensembles de données de documents officiels censurés ou restreints impliquant la guerre, l’espionnage et la corruption. En avril 2010, le site publie des documents classifiés de l’armée américaine sur la guerre en Irak et notamment la vidéo Collateral murders. Le site révèle surtout comment les forces militaires alliées en Irak, ont torturé ou tué sans raison des centaines d’Irakiens et démontre « de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre ». La vidéo en question fait partie des quelques 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, pour lesquels Julian Assange est accusé. Ce dernier avait été arrêté en 2019 après avoir passé plus de sept ans, réfugié dans l’ambassade d’Equateur à Londres. L’histoire de Julian Assange a fait l’objet d’un biopic avec Benedict Cumberbatch sorti en 2013 Le Cinquième Pouvoir (The Fifth Estate) réalisé par Bill Condon, qui avait fait l’ouverture du Festival international du film de Toronto la même année. Un autre film documentaire d’Alex Gibney We Steal Secrets, raconte également la montée et la chute de Julian Assange, en même temps que celle de Bradley Manning le jeune soldat qui avait téléchargé les centaines de milliers de documents depuis les serveurs confidentiels de l’armée et du corps diplomatique américains. L’ancien porte-parole de la présidence américaine Robert Gibbs, avait décalé à l’époque : « WikiLeaks et ceux qui disséminent ces informations seraient des criminels », et estime que ces fuites constituent « de graves violations de la loi et une menace grave pour ceux qui mènent et aident notre politique étrangère ». La secrétaire d’État en place Hillary Clinton avait évoqué de son côté : « une attaque contre la communauté internationale ». D’après Le New York Times, « les déclarations d’Hillary Clinton selon laquelle les fuites mettent en danger la sécurité nationale semble exagérée » et d’ajouter : « Ces documents ont une valeur parce qu’ils mettent en lumière la politique américaine sous un jour que les Américains et le reste du monde ont le droit de voir. »

« Il est traité comme un terroriste alors qu’il est un journaliste »

Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de Wikileaks, et l’avocate Jennifer Robinson s’expriment devant les médias après l’arrestation de Julian Assange à Londres le 11 avril 2019 © Hannah McKay

Depuis le 11 avril 2019, jour de son arrestation à l’ambassade d’Équateur, Julian Assange est incarcéré en détention provisoire à la prison de haute sécurité de Belmarsh, et les États-Unis l’ont inculpé pour « espionnage » et il encourt jusqu’à 175 ans de prison. Une inculpation « sans précédent dans l’histoire du journalisme aux États-Unis », qualifiée d’attaque contre le premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté de la presse. C’est la première fois, que le département de la justice américaine nie le caractère journalistique des agissements de Julian Assange. Suite à la décision de son extradition, WikiLeaks a immédiatement réagi sur Twitter : « La ministre britannique de l’intérieur [Priti Patel] approuve l’extradition de l’éditeur de WikiLeaks Julian Assange vers les Etats-Unis, où il risquerait une peine de cent soixante-quinze ans. Un jour sombre pour la liberté de la presse et pour la démocratie britannique. La décision sera portée en appel. » Antoine Vey son avocat français qui assure sa défense et qui a pris le relais d’Éric Dupond-Moretti, déclare : « Cet homme est une forme de prisonnier politique, les accusations portées contre lui sont politiques et le traitement qui lui est réservé n’est pas normal. Il est traité comme un terroriste alors qu’il est un journaliste. En première instance, la juge n’avait pas voulu son extradition en raison de son état de santé. La décision de l’extrader, c’est l’envoyer vers la certitude de la torture ». Toujours selon son avocat, Julian Assange était, avant même d’apprendre la décision du gouvernement britannique en sa défaveur, « très soucieux et angoissé ».

La famille du fondateur de WikiLeaks a appelé les nations européennes à se mobiliser lors d’une manifestation à New York le 18 juin. « Je pense qu’il y a de grandes chances d’arrêter cette extradition. Nous bénéficions d’un soutien important au sein des nations européennes », a déclaré Gabriel Shipton, frère de Julian Assange à la presse devant le consulat général britannique à Manhattan. L’avocat français espère de son côté un geste de la France en faveur de son client, il a sollicité l’Elysée il y a plusieurs mois, mais seul le leader de l’alliance Nupes Jean-Luc Mélenchon, a répondu de manière officielle à cet appel et souhaite que le lanceur d’alerte soit naturalisé, évacué et décoré. Le deuxième tour des élections législatives qui se déroule en ce moment n’est pas en cause dans cette annonce, Jean-Luc Mélenchon avait déjà exprimé son soutien au fondateur de Wikileaks, en novembre 2021, sur Twitter, il demandait déjà à la France de « lui donner le droit d’asile et lui offrir la nationalité ».

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