Les femmes et les hommes dénoncent de plus en plus les agressions sexuelles © DR
Violences sexuelles : les responsables politiques dans la tourmente des dénonciations
Éric Coquerel, à peine élu jeudi président de la commission des finances, est dénoncé comme ayant eu un « comportement inapproprié avec des femmes ». André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux est visé par deux plaintes pour « agression sexuelle » et « harcèlement sexuel et moral ».
Jeudi 30 juin, interrogée, la journaliste et militante féministe Rokhaya Diallo affirme sur RTL, à propos d’Éric Coquerel député LFI (La France insoumise) : « J’ai plusieurs sources au sein de LFI, j’ai entendu plusieurs fois des femmes parler du comportement qu’il aurait avec les femmes. Ce sont des choses qui reviennent de manière récurrente, depuis des années. » Selon un article de Médiapart qui relate les faits, le comportement du député était connu, et le sujet a fait irruption, mardi 28 juin, lors d’une réunion de l’intergroupe de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) à l’Assemblée, mais n’a pas été jugé suffisamment grave pour le disqualifier dans la course à la présidence de la commission des finances.
Un article de Causette à l’origine des dénonciations
Eric Coquerel le jour de son arrivée à l’Assemblée nationale, à Paris, le 21 juin 2022 © JULIEN DE ROSA
C’est un article du magazine Causette , publié en décembre 2018 et intitulé « La France Insoumise les préfère soumises ?» qui rapportait le témoignage d’une « jeune militante », sur qui « un responsable, aujourd’hui député LFI », se serait « précipité » sur elle, et l’aurait « collée de façon très tactile ». Quand « une autre sympathisante » jugeait, elle, avoir « été son jouet le temps d’une soirée ». A l’époque les noms n’avaient pas été cités, sauf que depuis, la parole des femmes s’est de plus en plus libérée. A la publication de l’article, Éric Coquerel lui reconnaît avoir compris qu’il s’agissait de lui. Une militante affirme que le député se serait « précipité » sur elle et l’aurait « collée de façon très tactile », avant qu’une tierce personne n’intervienne. L’autre femme relate une soirée lors de l’université d’été du PG (Parti progressiste) avant 2017 lors de laquelle Coquerel aurait eu « la main baladeuse », y compris sur les « fesses », et lui aurait envoyé de nombreux SMS. Dans les affaires d’agressions sexuelles, LFI est toujours monté au créneau, dans la défense des femmes, et dans l’affaire Taha Bouhafs ex candidat aux législatives LFI accusé de violences sexuelles, le parti des Insoumis n’avait pas hésité à se séparer de son candidat. Jean-Luc allant même jusqu’à déclarer sur Twitter : « En matière de violences sexistes et sexuelles, pour notre part, nous croyons d’abord la parole des femmes. On peut dire que c’est arbitraire mais il faut faire un choix. C’est ce que nous avons fait ». Des paroles en totale contradiction avec sa déclaration samedi 2 juillet, Jean-Luc Mélenchon se disant « écœuré par les attaques contre Éric Coquerel menées depuis cinq ans sans faits ni preuves par une petite bande qui instrumentalise et rabougrit la lutte cruciale contre les violences sexistes et sexuelles pour régler ses comptes personnels », tout en relayant le long texte de l’eurodéputée Leïla Chaibi qui évoque sa « colère » face à des « calomnies ». Invité de BFMTV, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard Visiblement embarrassé, a jugé que la manière de faire était «très grave». « Je trouve ça quand même assez curieux que ça soit aujourd’hui (…) qu’on se permette de (…) jeter l’honneur d’une personne. (…) Si Mme Rokhaya Diallo a des informations, qu’elle oriente les personnes qui ont ces informations vers les instances qui ont été mises en place au sein de notre mouvement : elles seront traitées », a-t-il poursuivi.
De son côté le mis en cause, déclare avoir évolué surtout après avoir été mis en garde : « Un jour, quelqu’un m’a dit : “Attention, dans ton rapport relationnel réciproque, même s’il n’y a rien de répréhensible, tu n’as plus 40 ans, tu n’es plus militant de base, tu es un responsable et tu as cinquante ans, tu dois faire attention à ça”. Ça a fait tilt dans ma tête. Et le mouvement #MeToo nous a tous poussés à réfléchir à la domination inconsciente qu’on pouvait exercer simplement parce qu’on est un homme de pouvoir. J’admets que cela existe, j’admets avoir évolué, j’admets avoir triplé d’attention. » Depuis, le député insoumis décidé de se défendre, et dénonce dans une tribune au Journal du dimanche (JDD) dimanche 3 juillet des « rumeurs infondées » concernant son comportement envers les femmes. « Je fais cette tribune pour affirmer que je n’ai jamais exercé une violence ou une contrainte physique ou psychique pour obtenir un rapport, ce qui caractérise la porte d’entrée d’un comportement délictuel dans le domaine des violences sexistes et sexuelles », écrit M. Coquerel, en se disant « obligé de prendre la parole pour la première fois ».
Les hommes aussi
Le maire d’Issy-les-Moulineaux, André Santini © Benoît Tessier
Même s’ils sont moins nombreux que les femmes à être victimes de violence sexuelle et sexiste, certains hommes trouvent aussi le courage de dénoncer leur agresseur. Selon Le Monde, l’ancien chef de cabinet et un ancien huissier, accusent André Santini de harcèlement et d’agressions sexuelles, des faits datant notamment de 2021 et 2022. Ancien secrétaire d’Etat à la fonction publique (2007-2009) et ex-député, André Santini (1988-2017) est maire UDI d’Issy-les-Moulineaux, une ville de près de 70.000 habitants du sud-ouest parisien, depuis 1980. Il est également vice-président du Grand Paris et patron du Syndicat des eaux d’Ile-de-France depuis 1983. Ces deux plaintes visant l’élu de 81 ans ont été déposées vendredi devant le parquet de Nanterre et sont « actuellement à l’étude », a confirmé le parquet. M. Santini, lui, conteste l’intégralité des faits qui lui sont reprochés : « Je nie naturellement avoir eu le moindre comportement tel que décrit dans les plaintes. En quarante années de bons et loyaux services, on ne m’a d’ailleurs jamais imputé ou accusé d’un tel comportement. Ces accusations s’intègrent dans un climat conflictuel concernant la situation administrative de ces agents », répond-il par courriel au Monde. Les deux plaignants ont en commun d’avoir été écartés par l’édile, à la mi-mai, officiellement pour « rupture des liens de confiance nécessaires à notre collaboration ». Dans les faits, M. Santini leur a reproché un arrêt maladie pour cause de Covid-19, les accusant, le 19 mai, d’avoir « déconsidéré le cabinet » et d’avoir attrapé le virus lors d’une « partouze ». « Le maire déteste quand on prend des congés ou quand on est absent pour maladie, raconte Marc. Quand il nous a virés, ses mots étaient : “Vous veniez du ruisseau, vous retournez au ruisseau”. »
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