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Le 113e défilé annuel du 4 Juillet à Huntington Beach, sur le Pacific Coast Highway en Californie, le 4 juillet 2017 © Jeff Gritchen

Independence Day : les Etats-Unis plus que jamais dépendants de la Cour Suprême

Le 4 juillet, jour de la fête de l’Indépendance, les États-Unis commémorent en festoyant, la Déclaration du 4 juillet 1776, vis-à-vis de la Grande Bretagne. Depuis la décision de la Cour Suprême qui est revenue sur l’arrêt Roe vs Wade, beaucoup d’Américains n’ont plus le cœur à la fête.

D’habitude chaque année le 4 juillet dans toutes les villes à travers les Etats-Unis, le ciel s’illumine de feux d’artifice et les Américains se réunissent autour de barbecues dans leurs jardins, ou se pressent pour assister aux défilés. Aujourd’hui, les répercussions des récentes décisions controversées de la Cour suprême américaine sont telles, que les conséquences sur la vie des Américains se font déjà ressentir.

Un rapport de force qui n’a aucune chance d’évoluer

La Cour suprême des Etats-Unis ©

En seulement quatre ans, l’ancien président Donald Trump a réussi à nommer trois juges de la Cour Suprême ultra-conservateurs, qui ont fait basculer la plus haute juridiction nationale, désormais contrôlée aux deux tiers par des magistrats dont la vision colle quasi-parfaitement à celle du parti Républicain. Depuis le début de son mandat, Joe Biden doit faire face à une défiance inédite de cette institution, et le rapport de force n’a aucune chance d’évoluer malgré la nomination de la juge Ketanji Brown Jackson qui remplace le magistrat progressiste Stephen Breyer, 83 ans, qui prend sa retraite. Après avoir décidé de la censure de la vaccination obligatoire dans les entreprises, consacré le port d’arme hors du domicile, la révocation du droit à l’avortement, la plus haute instance judiciaire du pays a rendu, jeudi 30 juin, une décision qui limite les moyens de l’Etat fédéral pour lutter contre les gaz à effet de serre. Six juges conservateurs ont estimé, contre l’avis de leurs trois collègues progressistes, que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions des centrales à charbon, qui produisent près de 20 % de l’électricité aux Etats-Unis. Il sera dorénavant très difficile pour les Etats-Unis de réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. « Mettre une limite aux émissions de dioxyde de carbone à un niveau qui imposerait de renoncer au niveau national au charbon pour produire l’électricité pourrait être une solution pertinente à la crise d’aujourd’hui. Mais il n’est pas plausible que le Congrès ait donné à l’EPA l’autorité d’adopter une telle mesure », écrit le juge John Roberts dans cette décision.

Des conséquences qui se font déjà sentir

Joe Biden félicitant la juge Ketanji Brown Jackson après le vote du Sénat confirmant sa nomination à la Cour suprême, à Washington, le 7 avril 2022 ©

Les récentes décisions controversées de la Cour suprême américaine, dont la révocation du droit à l’avortement, n’ont pas tardé à avoir des conséquences concrètes. Une patiente de dix ans, enceinte de six semaines et trois jours, habitant en Ohio, est contrainte de se rendre en Indiana pour pratiquer une IVG, rapporte l’Indianapolis Star, qui ne donne pas d’informations sur l’enfant, probablement pour la protéger, mais on devine sans peine qu’elle a été abusée sexuellement et probablement violée. Le quotidien relève toutefois que la fillette a été prise en charge en Indiana par la gynécologue Caitlin Bernard, à la demande d’un de ses collègues d’Ohio, spécialisé dans les abus sexuels sur les enfants. L’Ohio, comme d’autres États américains, a limité la pratique de l’IVG, l’interdisant après six semaines de grossesse, comme c’est le cas au Texas ou au Tennessee. Dans d’autres états, l’avortement est interdit ou en passe de l’être, poussant les femmes à devoir se rendre là où il est encore autorisé. Après la décision de la Cour Suprême, le président américain Joe Biden avait reçu plusieurs propositions de solutions de contournement. Deux femmes démocrates, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez et la sénatrice Elizabeth Warren ont estimé que le chef de l’Etat devrait utiliser les terres fédérales comme refuge pour l’avortement dans les États qui interdisent ou restreignent sévèrement la pratique de l’IVG. Sur le plateau de l’émission Meet The Press, Alexandria Ocasio-Cortez avait estimé que : « Forcer les femmes à porter des grossesses contre leur gré les tuera ». Une autre conséquence serait la stigmatisation des personnes LGBT. Dans une interview accordée à la télévision américaine, le procureur général du Texas Ken Paxton s’est dit favorable au rétablissement d’une loi interdisant la sodomie, dépénalisée depuis 2003 aux États-Unis. Ce dernier a émis l’idée de réintroduire une ancienne loi interdisant dans cet État, la sodomie, enterrée par la Cour suprême il y a près de 20 ans, rapporte The Washington Post. Malgré tous ces vents contraires, Joe Biden place un grand espoir dans la nomination de la juge progressiste Ketanji Brown Jackson devenue jeudi la première magistrate noire à prêter serment à la Cour suprême, et qui représente un « immense pas en avant » pour les Etats-Unis. Sur les 115 juges ayant jusqu’ici siégé à la Cour suprême, il n’y a eu que cinq femmes, quatre blanches et une hispanique, et deux hommes noirs, dont l’un, Clarence Thomas, a été nommé par George Bush père et siège toujours et fait partie des plus conservateurs. Ketanji Brown Jackson avait été choisie fin février par le président démocrate Joe Biden, qui avait promis pendant sa campagne de nommer, pour la première fois, une femme noire à la plus haute institution judiciaire du pays, vieille de 233 ans. « Sa prestation de serment historique représente un immense pas en avant pour notre pays, pour toutes les jeunes filles noires qui se voient maintenant représentées au sein de notre plus haute cour », a applaudi le président américain dans un communiqué, et qui n’a eu cesse de vanter ses “qualifications extraordinaires”. Cette diplômée d’Harvard, qui possède une expérience dans le privé et le public, a été avocate et juge fédérale. « KBJ », comme elle est surnommée, avait été confirmée par le Sénat début avril.

Malgré cette nomination, qui ne pèse guère dans la balance, mais qui reste un symbole, il faut s’attendre à des décisions de plus en plus fossilisées, l’ancien président Donald Trump ayant eu l’occasion de nommer trois juges à la Cour suprême, ancrant par là même l’instance dans le conservatisme, probablement pour plusieurs décennies.

1 réflexion sur “Independence Day : les Etats-Unis plus que jamais dépendants de la Cour Suprême”

  1. Les USA deviennent pire que la France ! De plus, il est scandaleux quel que soit le pays ou le parti politique d’instrumentalisée la grossesse d’une enfant de 10 ans. Les adultes sont en dessous de tout sur toute la planète !

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