Chez Nonno Nino rue Brémontier, un restaurant qui raconte l’Italie jusque dans la céramique. © Nonno Nino

Nonno Nino : manger, c’est aussi se souvenir

Lise-Marie Ranner-Luxin
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Lise-Marie Ranner-Luxin
Directrice de la rédaction
Fondatrice du site, Lise-Marie aime la culture et sa ville Paris. Elle a travaillé dans la presse magazine féminine et informatique ainsi que dans la mode....
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Et si l’assiette comptait autant que ce qu’elle contient ? Au 10, rue Brémontier, dans le 17ᵉ arrondissement de Paris, derrière une façade fleurie qui cache à peine son accent du Sud, Nonno Nino fait le pari de la sincérité. Ici, la nouvelle carte 2025 se sert dans des céramiques brutes, façonnées à la main dans les Pouilles. Pas un caprice de designer, mais une manière de prolonger le goût jusque dans la matière.

L’adresse a ouvert en 2018, pensée comme une maison de famille par Kevin Negro, débarqué d’Italie à 19 ans. Un hommage au grand-père, aux dimanches trop bruyants pour les voisins, aux repas sans fin où le pain, ici une focaccia artisanale, se trempe jusqu’à la dernière goutte.

À l’intérieur, murs clairs, chaleur sonore, odeur de sauce tomate qui s’invite dans vos vêtements. Dans un coin une grande table réunit des clients qui discutent comme des cousins. Le repas s’y étire, les voix montent, on s’y parle presque en riant mais surtout on y mange, beaucoup, longtemps, avec cette sensation de ne jamais voir la fin des plats.

En cuisine, le chef Alal Soyef Ahmed envoie du copieux : pappardelle salentine aux brocolis et ricotta, gnocchi au pesto de roquette et stracciatella, escalopes nappées de truffe noire. Les classiques ne sont pas oubliés : Spaghetti alla Pescatora, Maccheroni Cacio & Pepe twistés à la pistache, tiramisu maison. Des assiettes qui nourrissent le corps autant que la mémoire, sans fioritures ni storytelling mensonger. Les assiettes débordent : pasta al dente, viandes généreuses, desserts qui pèsent leur poids de dimanche après-midi. Ici, on sort repu, pas frustré.

On a commencé doux mais dense : les rouleaux d’aubergines nappés de sauce tomate, mozzarella fondue à cœur, ce genre d’entrée qui sent l’été italien même en plein 17ᵉ. À côté, les boulettes de risotto frites, trio de truffe, tomate et betterave, débarquent brûlantes, dorées, croustillantes dehors, fondantes dedans. Des bouchées qui collent au palais et rappellent que la friture, quand elle est bien faite, a plus de noblesse qu’un amuse-bouche prétentieux.

Puis les plats principaux, ceux qui mettent la salle en pause : mon invité attaque un risotto aux gambas, sauce homard. On dirait presque une mer enfermée dans l’assiette : crémeux, iodé, nappé d’une sauce dense et parfumée qui ne lâche pas prise. Les gambas, elles, tiennent debout toutes seules, fermes et charnues, comme si elles sortaient de l’eau une heure plus tôt.

De mon côté, une escalope de veau à la truffe, tendre à la fourchette, nappée d’une crème de champignons où la truffe noire se fait sentir sans jamais saturer. L’accord est simple, direct, efficace : le genre de plat qui ne se perd pas en détours et qui vous fait regretter de ne pas avoir gardé plus de focaccia pour saucer.

Le tout posé à côté de cette grande table, où les conversations se croisent, les verres s’entrechoquent et les assiettes vides disparaissent à peine que d’autres arrivent. Une manière de déjeuner qui ressemble plus à une scène de cinéma néoréaliste qu’à un repas parisien.

Le décor lui-même raconte l’histoire : photos de famille aux murs, journaux anciens, mobilier chiné. Chaque détail dit une Italie intime, loin des trattorias stéréotypées qui saturent Paris. Nonno Nino refuse le folklore en carton et revendique une Italie faite main : de la pâte au plat, du plat au contenant.

Ici, manger, c’est aussi se souvenir. Et raconter.

Plus d’infos:

Site web : https://www.nonnonino.fr

Instagram : https://www.instagram.com/nonnonino_paris/?hl=fr

Photos : © Nonno Nino

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Fondatrice du site, Lise-Marie aime la culture et sa ville Paris. Elle a travaillé dans la presse magazine féminine et informatique ainsi que dans la mode. Grande fan du New Yorker, Vogue et Harper’s Bazaar, c’est de ces prestigieuses revues qu’elle s’est inspirée pour créer Rapporteuses.com, des revues avant-gardistes qui ont contribué à l’émancipation des femmes, en matière de mode, de société, d’art et de littérature.
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