Chez Meta, les cerveaux s’évaporent plus vite que les milliards de Mark Zuckerberg. Autrefois vitrine de l’élite mondiale en IA, le labo FAIR brillait sous la houlette de Yann LeCun. Dix ans plus tard, la machine s’est grippée : fuite massive de talents, culture interne en vrac et un patron qui jette des milliards pour combler le vide.
Il y a dix ans, Menlo Park faisait rêver les chercheurs en IA. Yann LeCun en chef d’orchestre, FAIR en vitrine, et l’impression que Facebook pas encore Meta, jouait dans la cour des visionnaires. Aujourd’hui, l’histoire a des allures de gâchis.
Les cracks en cavale
Meta, jadis pépinière de cracks, traîne l’image d’un club de seconde zone. « Ils avaient déjà les meilleurs et les ont perdus », lâche un ex-chercheur à Forbes. Avant même que Zuckerberg ne sorte son chéquier, ils ont fini par claquer la porte. Certains pour fonder Perplexity, Mistral, Fireworks AI ou World Labs. D’autres ont rallié la concurrence, OpenAI, Anthropic, Google. Résultat : Meta n’est plus la pépinière qu’elle était, mais une station-service où l’on fait le plein avant de tracer ailleurs.
Mercenaires contre missionnaires
Mais Zuckerberg croit au pouvoir du cash. Offres à neuf chiffres, stock-options XXL, promesse de serveurs à perte de vue. Parfois ça marche : une poignée de transfuges d’OpenAI et de DeepMind a accepté le pactole. Souvent ça rate : Anthropic ou Google haussent les épaules, préférant miser sur les “missionnaires” plutôt que sur les mercenaires. Mais pour beaucoup, la réponse est simple : non merci. « Meta, c’est les Washington Commanders de la tech », grince un fondateur de start-up. Traduction : surpayer des moyens, maquiller ça en dream team.
Culture du chaos
À l’intérieur, l’ambiance est toxique. Là où FAIR brillait, GenAI pédale dans le vide. Les équipes se font et se défont en quelques semaines, les managers s’étripent sur les choix techniques, les chercheurs changent de boss comme de chemise. « Llama 4 a été un désastre », souffle un ancien. Les deadlines tombent, les nuits blanches s’enchaînent, les évaluations semestrielles servent de couperet. Résultat : démotivation, parano, et une réputation qui se casse la gueule. À force de confondre vitesse et précipitation, Meta a grillé sa crédibilité.
Le mirage de la superintelligence
Zuckerberg s’accroche à sa nouvelle marotte : la “superintelligence”. Il a enrôlé Alexandr Wang (ex-Scale AI) et Nat Friedman (ex-GitHub), racheté des parts, monté un labo tape-à-l’œil. Mais les départs continuent, et pendant ce temps, ses anciens continuent de signer ailleurs. Mistral a raflé neuf cerveaux de Meta en un an, xAI d’Elon Musk quatorze depuis janvier.
Le contraste est brutal. D’un côté, les start-up qui avancent avec une vision, un projet. De l’autre, Meta qui brûle ses billets comme du kérosène, dans l’espoir de racheter le temps perdu.
L’argent ne fait pas le talent
Meta qui passe pour une boîte de mercenaires surpayé, se raccroche à Facebook qui a déjà survécu aux scandales, élections truquées, désinfo, santé mentale des ados. Mais cette fois, l’image colle : celle d’un empire qui a raté le train de l’IA après celui du Métavers, et qui croit pouvoir rattraper son retard avec des milliards.
L’empire de Zuckerberg s’entête à croire que l’argent suffira. Mais dans la Silicon Valley de 2025, la loyauté ne s’achète plus à coups de zéros alignés. Elle se mérite.

