Premier Sang, août 2021. (Photography agency Iconoclast Image © Jean-Baptiste Mondino)
Amélie Nothomb rend la vie à son père dans Premier sang
Pierre, le père d’Amélie Nothomb, meurt en mars 2020, en plein confinement. Ne pouvant lui dire au revoir, la romancière décide dans Premier Sang, de lui rendre la vie, en le faisant parler à la première personne.
Adepte des biographies romancées où elle se met régulièrement en scène, Amélie Nothomb choisit la prosopopée, figure de style qui consiste à faire parler les morts, dans une œuvre particulièrement intime.
Le personnage se retrouve face à un peloton d’exécution
Amélie Nothomb raconte l’enfance de son père dans les années 1940, à travers les yeux d’un garçonnet. Patrick, marqué par la mort de son père et le désamour de sa mère, est élevé par ses grands-parents maternels, dans un milieu aristocratique. Une enfance entrecoupée de séjours chez son grand-père paternel, Pierre Nothomb. Patrick adulte, doit survivre à une prise d’otage au Congo. En première page, le personnage se retrouve face à un peloton d’exécution. Sur le point de mourir, le narrateur jeté au sol, se réjouit du contact, si incarné, avec sa planète « charmante ».
Amélie Nothomb © Jean-Baptiste Mondino
Il s’évanouit à la vue du sang
Sur les 180 pages de flashback, où le narrateur voit défiler sa vie, jusqu’à ses 28 ans, avant la naissance de sa fille, Amélie Nothomb, en donnant la parole à son père, s’efface totalement, si bien que sans la correspondance des noms de famille, le lien filial n’aurait pas été perceptible. Patrick a 15 ans et fait une découverte : il s’évanouit à la vue du sang. Référence au titre, et au « lien du sang » unissant si bizarrement les membres d’une même famille et cette phrase finale qui annonce de manière déguisée, pleine d’espoir, la naissance d’Amélie Nothomb.
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