"All's Fair" avec Kim Kardashian: malgré un casting de luxe, la série de Ryan Murphy est un ratage complet. © hulu / Disney+

All’s Fail : la série qui n’a rien à défendre

Lise-Marie Ranner-Luxin
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Lise-Marie Ranner-Luxin
Directrice de la rédaction
Rédactrice en chef et fondatrice de Rapporteuses, Lise-Marie Ranner-Luxin allie vision éditoriale et plume affûtée. Passionnée par les histoires humaines, les tendances culturelles et l’actualité qui...
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J’ai regardé les trois premiers épisodes de All’s Fair, la nouvelle série judiciaire de Ryan Murphy portée par Kim Kardashian, et franchement, on reste béat, dans le mauvais sens. Ce qui promettait d’être un Desperate Housewives version avocates divorcées de Los Angeles, avec un casting étincelant (Glenn Close, Naomi Watts, Sarah Paulson), se révèle être un patchwork glam mais creux, un ersatz de drame haut-de-gamme vidé de toute substance.

L’esthétique est au rendez-vous : villas sur les collines de L.A., robes luxueuses, bijoux clinquants. All’s Fair, la nouvelle série de Ryan Murphy, devait être le grand retour du maestro du soap toxique, l’homme capable de transformer une recette déjà fatiguée en bombe télé (on se souvient tous de Nip/Tuck, Feud, American Crime Story). Mais cette fois, le miracle s’est perdu sur Sunset Boulevard. Pour reprendre les mots d’une critique dans India Today, on dirait une publicité géante pour des marques de luxe, déguisée en série juridique.

Kim Kardashian, avocate en toc

Kim incarne Allura Grant, avocate brillante à la tête d’un cabinet exclusivement féminin. Nice sur le papier, mais sur l’écran, sa performance est décrite comme « raide et sans émotion » par The Guardian. Même entre icônes comme Glenn Close ou Naomi Watts, elle semble presque figée, comme un décor supplémentaire. Le contraste est d’autant plus amer qu’on sent que la série lui a été taillée sur mesure, mais ce calque ne colle jamais vraiment.

Kim Kardashian joue Allura Grant, star du barreau. Ironique, quand on se rappelle qu’elle vient de rater son propre examen du barreau. Dans une vidéo Publié le 17 novembre 2025 à 15h24, la star en larmes, remet la faute sur l’IA, et avoue être au bout du rouleau. Elle qui rêve depuis toujours d’imiter Papa Robert, le vrai avocat du clan, celui qui s’est retrouvé dans l’histoire pour avoir défendu O.J. Simpson, fait donc semblant d’être ce qu’elle n’a pas réussi à devenir : une pénaliste redoutable. Sauf que…

@recto_cerveau

Kim dit qu’elle a rater son examen du Barreau à cause de Chat Gpt 👩🏻‍⚖️ #kimkardashian #kim #kardashian #avocat #droit

♬ Hip Hop Background(814204) – Pavel

Dans la série, elle ne joue pas, elle récite, et se déplace comme si chaque plan était un placement produit pour un contouring nouvelle génération. On dirait une influenceuse parachutée dans The Good Wife mais sans la finesse, sans le grain, sans la tension. Son jeu est si lisse qu’on pourrait s’y maquiller.

Du clinquant, mais peu de chair

Pourtant, tous les ingrédients du thriller légal y sont : divorces de milliardaires, secrets sous scellés, manipulations au parfum de scandale. Mais le scénario manque cruellement de fil narratif clair. Certaines scènes, qui devraient créer de la tension ou de l’émotion, tombent à plat tant le dialogue est boursouflé et artificiel. Le féminisme revendiqué semble de façade : ce ne sont pas des femmes puissantes avec des combats intérieurs, mais des figures esthétisées qui jouent le pouvoir comme un accessoire de mode.

On devine à l’avance ce qui va arriver avant même que les personnages le comprennent. Comment l’homme qui a redonné du style au kitsch télévisuel a-t-il pu tomber dans une telle mollesse ? Pas de risque, pas de méchanceté, pas d’audace visuelle. Même les costumes, pourtant taillés pour être iconiques, ressemblent à des shootings éditoriaux recyclés. On est loin, très loin, du Murphy qui savait exhumer le grotesque brillant des coulisses hollywoodiennes. Ici, tout est aplati, comme s’il avait mis la série dans une centrifugeuse avant de la livrer à Disney+ avec une étiquette “premium” pour faire joli.

Le plus douloureux c’est de voir Glenn Close, Naomi Watts, Sarah Paulson, trois monstres sacrés du jeu, se battre avec des dialogues dignes d’un procès fictif écrit selon USA Today par ChatGPT. Elles sauvent ce qu’elles peuvent, mais rien à faire : les personnages sonnent creux, interchangeables, purement conceptuels. Il aurait fallu une plume carnivore, un moteur narratif qui mord. On n’a qu’un joli emballage avec la batterie à plat. Résultat : l’accueil des critiques est sans appel. Le Times va jusqu’à évoquer la « pire série télévisée jamais réalisée ». Et ce n’est pas que la critique : sur les réseaux comme Reddit, plusieurs téléspectateurs partagent leur exaspération. Certains reconnaissent un côté « trash télé » presque divertissant, mais la plupart regrettent le talent gâché, notamment celui du casting prestigieux.

All’s Fair avait tout pour plaire : un univers sexy, des actrices puissantes, un producteur à succès. C’est finalement un objet décoratif, une vitrine sans boutique derrière, une imitation de série dans une série. Même Los Angeles s’y ennuie. Kim Kardashian, malgré son aura médiatique, manque de relief dramatique, et le scénario déçoit par son absence d’enjeux sérieux. Elle trébuche là où elle aurait dû briller : dans la profondeur, la sincérité et la tension dramatique. À vouloir bâtir un monument au luxe et au pouvoir féminin, Murphy semble avoir édifié un château de cartes. L’éclat est là, mais dès qu’on souffle un peu, tout s’effondre. On ressort plus lassé qu’ébloui. Et pour ma part, j’ai rarement vu un tel canyon entre l’intention et le résultat. Objection, votre honneur, c’est un fiasco !

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Rédactrice en chef et fondatrice de Rapporteuses, Lise-Marie Ranner-Luxin allie vision éditoriale et plume affûtée. Passionnée par les histoires humaines, les tendances culturelles et l’actualité qui fait débat, elle supervise la ligne éditoriale et guide l’équipe avec exigence et créativité. Journaliste expérimentée, elle sait capter les détails qui font vivre un récit et mettre en lumière des voix parfois oubliées, tout en cultivant un regard critique et engagé sur le monde qui l’entoure.
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