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La chanteuse et actrice Dani © Photo News

Mort de la chanteuse Dani : amour, gloire et descentes aux enfers

La chanteuse Dani est morte mardi 19 juillet, à 77 ans, des « suites d’un malaise » dans la région de Tours, où elle résidait, selon l’AFP. Elle venait de finir la tournée de son dernier album, Horizons dorés, et elle achevait la préparation d’un nouvel album, Attention départ.

Dani avait décidé d’appeler son nouvel album Attention départ, un choix qui ne relevait pas du hasard. Un nouveau départ, après la résurrection que lui offre Etienne Daho en 2001, avec Comme un boomerang, titre composé pour elle par Serge Gainsbourg qui n’avait pas été retenu pour l’Eurovision. Son « parcours atypique » comme elle préférait le nommer, oscillait entre mannequin, actrice, meneuse de revue, amoureuse aussi, devenue une icône des nuits parisiennes, avant la descente aux enfers qu’elle relate dans Drogue la galère, et La nuit ne dure pas.

La reine Dani

Dani et Etienne Daho, lors d’un émission consacrée au SIDA sur Antenne 2 à Paris le 4 juin 1987 © FREDERIC REGLAIN VIA GETTY IMAGES

Avant d’être la reine du « Paris by night » des années 1970, Danièle Graule de son vrai nom, naît le 1er octobre 1944 à Castres dans le Tarn. Ses parents tiennent un magasin de chaussures, aînée d’une fratrie de trois filles, la petite Dani passe son adolescence à Perpignan, puis à 19 ans, vient tenter sa chance à Paris. Son look affirmé pour l’époque avec sa silhouette androgyne, et sa coupe de cheveux à la garçonne lui ouvre les portes du mannequinat. Roger Vadim qui avait révélé Brigitte Bardot en 1956 dans Et Dieu créa la femme, lui propose en 1964, un petit rôle dans son film La ronde. Mais c’est son premier 45 tours, Garçon manqué, qui va lancer sa carrière de chanteuse, et sa chanson Papa vient d’épouser la bonne qui dépasse le million d’exemplaires vendus, la propulser au rang de célébrité. Au cinéma, Georges Lautner lui donnera sa chance dans Quelques messieurs trop tranquilles et François Truffaut va la révéler à l’écran dans le rôle de Liliane avec La nuit américaine, Oscar du meilleur film international en 1974. Jean-Marie Rivière la dirigera lui pendant quatre ans à l’Alcazar, comme meneuse de revue, et en 1975, Dani part en tournée avec Claude François la grande star des années Yéyé, dont elle assure la première partie du spectacle. Puis en 1977, arrive son nouvel album intitulé Les Migrateurs. En plus de son amour pour la musique, la chanteuse connaîtra l’amour fusionnel et tumultueuse, avec le photographe Benjamin Auger, père de son fils et de son fils adoptif, qu’elle raconte dans La nuit ne dure pas. Préfacé par Etienne Daho et publié aux éditions Flammarion en 2017, l’icône de la chanson française y raconte sa vie intime, ses succès, ses descentes aux enfers, mais aussi ses amours.

L’ Aventure

Dani, chez elle, en juillet 1973 ©

Dani a eu un passé qu’elle n’a jamais caché. Dans les années 70 la discothèque qu’elle avait tenue, l’Aventure située au coin de la rue de Presbourg, près de l’Arc de triomphe, réplique française du club mythique Studio 54, a vu passer des stars et des anonymes venus s’étourdir au son du disco. Dans les années 1970, la discothèque, même si son étymologie désigne un endroit où l’on peut venir entendre des disques,est surtout le lieu où le Disco passe à gogo, et une véritable institution de la vie nocturne. Tandis qu’Outre Atlantique le Studio 54, est le centre névralgique où il faut être vu avec des artistes comme Keith Haring qui organisent des expositions avec d’autres artistes au son du disco sur les playlists des DJs, à Paris, le DJ de Dani lui revient des Etats-Unis. Et un soir il passe sur sa platine Hotel California des Eagles, bien avant tout le monde en 1976. La magie des nuits blanches parisienne commence, et un an plus tard, le film Saturday Night Fever avec la voix de castra des frères Gees, et un John Travolta dont les coups de hanches sur la piste de danse sont encore dans les mémoires, a été le point culminant de l’engouement pour le disco. Cette discothèque Aventure située au coin de la rue de Presbourg, près de l’Arc de triomphe à Paris, avant d’être sous les feux de l’actualité en 2009 comme le repère de DSK pour ses parties fines avec ses copains lillois, fut le temple d’un tout Paris, où Dani écoutaient et réécoutaient les confidences de ses clients, tandis que son DJ passait Night Fever et Stayin’ Alive des Bee Gees, September de Earth, Wind & Fire, Le freak, c’est chic ou encore le méga tube Daddy cool de Boney M. Malheureusement, la discothèque c’est aussi l’endroit où la drogue circule sans complexe, et fatalement, Dani va s’y bruler les ailes. « Un matin de décembre, raconte-t-elle dans Drogue la galère, la Brigade des Stups arrive chez moi. Perquisition, coup fourré : quelqu’un m’a envoyé trois grammes d’héroïne. Je suis embarquée. Je reste sous contrôle judiciaire. Deux ans plus tard : un matin d’octobre cette fois, moi qui me croyais tranquille, j’apprends que je suis en cavale, condamnée par défaut, sous mandat d’arrêt ? Le cauchemar commence… Tout ça parce qu’un jour, l’héroïne avait pris ma tête. » Sa photo fait la une de tous les journaux : “Dani la chanteuse jugée par défaut”, “Dani en fuite”, “Dani reste introuvable”. La « drepou » comme elle nomme cette cocaïne qui l’a réduite à un squelette de 39 kilos, lui fera toucher le fond, mais heureusement, il y a les amis, les vrais…

Dani devait sortir son prochain album Attention départ, dans quelques jours, et avait discuté avec Etienne Daho la veille de sa mort. « Ironie du sort, ce titre a une autre résonance aujourd’hui », déclare le chanteur.  Pour Daho, l’artiste n’était « pas du tout conventionnelle »« aimait la marge » et « incarnait la rock attitude ».

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