Les jeunes Chinois sont particulièrement touchés par le chômage © Hector RETAMAL

Chine : le taux de chômage bat des records

La Chine a placé 1,7 million d’habitants en confinement dans la province de l’Anhui (Est), lundi 4 juillet, au moment où l’économie chinoise se remet lentement du confinement de Shanghaï, levé au début de juin après plusieurs mois.

Les très longs confinements imposés dans les villes chinoises ont laissé des séquelles sur l’économie. D’habitude réservé sur sa communication en matière d’emploi le gouvernement est sorti de sa réserve. Le Premier ministre Li Keqiang qualifie la situation de l’emploi de « complexe et grave ». Particulièrement inquiétant, le chômage des jeunes qui atteint 18,4 % en mai, bien plus qu’en Europe et aux Etats-Unis.

Les jeunes sont les plus touchés

Les demandeurs d’emploi (ici à Zhengzhou) postulent dans des journées spéciales emploi organisées avec les grandes entreprises © WANG Zhao

Grâce à sa croissance économique et son développement, la Chine attire des milliers de diplômés européens avides de découvrir une culture nouvelle et un marché en plein expansion. Pour les jeunes occidentaux, un stage dans l’Empire du Milieu est un accélérateur pour une future carrière professionnelle. Sauf que depuis l’épidémie de Covid 19 le turbo chinois s’est considérablement ralenti, et le pays n’attire plus autant les jeunes avides de CV bien remplis. Marion en école de commerce confie à Rapporteuses : « ma sœur ainée à fait un stage de 6 mois à Shanghaï en 2018, et à son retour à trouvé un emploi à LVMH, je voulais faire comme elle mais j’ai changé d’avis, à cause des confinements à répétition ». Si en France le chômage des jeunes est en baisse, en Chine, celui des 16-24 ans atteint 18,4 % en mai, selon les statistiques officielles largement supérieur à la situation en Europe (13,9 %) ou aux Etats-Unis (8,6 %). Une situation qui préoccupe les économistes, la Chine étant le poumon de l’économie mondiale. Des chercheurs de l’Université de Pékin ont tiré la sonnette d’alarme, estimant que la situation du chômage pourrait devenir aussi mauvaise qu’en 2020, après le premier confinement, alors que l’économie chinoise était déjà en phase de redémarrage, et avait atteint jusqu’à 12 % de la population active. Les chiffres n’intégrant pas les travailleurs migrants, le nombre réel de chômeurs est probablement beaucoup plus élevé. Suite au confinement de Shenzhen au mois de mars, les économistes avaient averti que « les mesures radicales nuisent à l’économie du pays », rapporte l’AFP et Pékin avait promis d’assouplir sa politique sanitaire.

De nombreux licenciements prévus dans la tech

Le taux de chômage en Chine bat des records © STR

Les entreprises chinoise ont fleuri tant par leur nombre que par leur poids économique ces vingt dernières années. D’après Fortune Global 500, le classement des entreprises par référence, les 10 entreprises les plus rentables de la liste sont : Industrial and Commercial Bank of China, China Construction Bank, Agricultural Bank of China, Bank of China, Tencent, Alibaba, Ping An Insurance, China Mobile, China Merchants Bank et Bank of Communications. Alibaba souvent comparée à Amazon, est un site de vente en ligne, qui facilite les échanges entre entreprises ou fait de la vente au détail, prévoit de licencier du personnel de même que Tencent. Les groupes préfèrent rester discrets sur ce sujet extrêmement sensible politiquement, mais le bruit n’a pas échappé aux réseaux sociaux. De l’été 2021 à mars 2022, près de 216.000 personnes auraient perdu leur poste dans le secteur de la tech, selon l’administration du cyberespace, un chiffre sans doute lui aussi minoré. Mais la question de l’emploi des jeunes reste un défi pour le gouvernement de Pékin, le nombre de diplômés universitaires en augmentation constante, dépassera pour la première fois 10 millions cette année. Une pression d’autant plus grande, que le gouvernement s’est fixé pour objectif de générer plus de 11 millions d’emplois urbains cette année, afin d’absorber l’arrivée sur le marché des nouveaux diplômés. Des chiffres qui pourraient encourager, selon l’agence Reuters, la production industrielle de la Chine a augmenté de 0,7% en mai en rythme annuel, après avoir accusé une baisse de 2,9% en avril, montrent les données publiées par le Bureau national des statistiques (BNS). Les investissements en capitaux fixes ont progressé de 6,2% au cours des cinq premiers mois de l’année, alors que les analystes prévoyaient une hausse 6,0% et que la croissance de janvier à avril était de 6,8%.

Alors la Chine va-t-elle atteindre cette année l’objectif de croissance de 5,5% qu’elle s’est fixée ? Probablement pas. Les économistes commencent à envisager la plus faible croissance atteinte depuis 1990, hors année Covid en 2020. Pour rappel, en 2020, la Chine a été le seul pays à enregistrer un PIB positif, à 2,3%, quand toutes les autres économies sombraient en récession. Il faut ajouter le contexte de la guerre en Ukraine qui rebat les cartes du commerce mondial et la « stagflation » (croissance atone, inflation élevée) qui guette les économies développées.

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