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Une vapoteuse © KENZO TRIBOUILLARD

Santé : vers une interdiction totale de la vente de cigarette électronique ?

Le 31 mai à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, a signé un décret qui bannit définitivement les cigarettes électroniques dans le pays. C’est le 32ème pays qui en interdit la vente. Et la France ?

« C’est un mensonge de dire que les nouveaux produits, les vapoteuses, sont une alternative aux cigarettes ». C’est en ces termes que le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, a pris la décision de proscrire définitivement la cigarette électronique dans son pays, estimant qu’elles étaient « également mauvaises pour la santé ». Le Mexique avait déjà interdit en octobre, l’importation et l’exportation des e-cigarettes et de leurs recharges de liquide à vapoter, mais « certains commerçants continuaient d’écouler leur stock », a reconnu le vice-ministre de la santé, Hugo Lopez-Gatell, ajoutant que la nouvelle interdiction couvre « la circulation et la commercialisation de ces nouveaux produits ».

La lutte anti-tabac, prise très au sérieux par l’OMS

Illustration Rapporteuses © Dodger

Selon le rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, publié en 2021, 111 pays ont mis en place des mesures restrictives ou sanitaires pour lutter contre le tabagisme. Une affaire prise très au sérieux, à tel point que les 32 pays prohibant la vente de cigarettes électroniques, représentent l’équivalent de 2,4 milliards d’habitants. Parmi eux, certains comme la Gambie, proscrivent la détention et la distribution, l’Inde l’import, ou vont encore plus loin comme la Finlande qui proscrit l’usage d’arômes des e-cigarettes et leurs liquides de recharge. En France, les interdictions du vapotage sont les mêmes que celles du tabac. Il est interdit de vapoter dans les lieux publics comme les restaurants, avions ou cinémas, ainsi que dans les transports publics, les établissements scolaires et sur le lieu de travail fermé et couvert à usage collectif comme une terrasse de café sans aération. Bien que des études montrent que les liquides de cigarettes électroniques sont bien moins toxiques qu’une cigarette, Santé publique France  précise bien qu’elles ne contiennent pas les 4 000 substances chimiques et la cinquantaine de molécules cancérigènes, les vapoteuses peuvent contenir toutefois de la nicotine, créant une dépendance chez les adolescents beaucoup plus rapide que chez les adultes et peuvent altérer le développement de leur cerveau. Dans un communiqué de juillet 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donc appelé à une réglementation stricte pour empêcher les jeunes, en particulier, de les utiliser. « A ce jour, trente-deux pays ont interdit la vente d’inhalateurs électroniques de nicotine », a fait savoir l’OMS, ajoutant que 79 autres pays avaient pris des mesures restrictives. Selon l’AFP, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, le gouvernement de Mexico a, pour sa part, promis que son célèbre Zocalo (la place centrale) et les alentours de la cathédrale seraient des zones sans tabac. Depuis une dizaine d’années le Mexique, a mis en place des mesures restrictives. Il est interdit de fumer dans les espaces fermés, les magasins, bars et restaurants, et les contrevenants s’exposent à une amende de 45 à 85 dollars soit 42 et 80 euros environ. L’OMS dans son rapport indique aussi que la cigarette électronique est « responsable de la perte de quelque 600 millions d’arbres chaque année, de l’utilisation de 200 000 hectares de terres et de 22 milliards de tonnes d’eau par an tout en émettant environ 84 millions de tonnes de CO2 ».

Les dangers du vapotage pour les jeunes

La puff, la grande mode chez les ados © Shutterstock / New Africa

Bien que les partisans du vapotage affirment que c’est une solution efficace pour arrêter le tabac, ce qui est vrai dans certains cas, le danger est pour les jeunes qui commencent le vapotage par effet de mode. Des études montrent que les adolescents qui commencent à vapoter ont plus de risques de devenir fumeurs de cigarettes traditionnelles. Ces jeunes pensent que contrairement aux cigarettes, le fait qu’il n’y ait pas d’inhalation, les met à l’abris des cancers et maladies cardio-vasculaires liés au tabagisme. Le plus souvent, ces cigarettes électroniques sont chargées en nicotine, la substance à l’origine de l’addiction au tabac. Rapporteuses a interrogé Jade une vapoteuse qui avoue que depuis qu’elle s’est mise à la cigarette électronique, « fume moins de cigarette ». La jeune femme de 22 ans ajoute que « ça la détend et que c’est très pratique ». Elle n’a « pas besoin de sortir fumer sur le balcon de son appartement par crainte de gêner ses parents », elle ajoute : « c’est sucré je peux choisir tous les goûts ». Le packaging y est aussi pour beaucoup selon elle : « j’ai choisi un modèle noir et doré pour aller avec mes bijoux, quand je sors » nous dit-elle très fière de son acquisition. Pour finir elle nous dit : « j’ai même un compte dans un vapostore, parfois j’ai des réductions ». La jeune femme qui revient des Etats-Unis nous lâche : « je reviens des States tout le monde fume des e-cigarettes. La cigarette c’est pour les daron(nes) [NDLR nom donné à leur parent par les jeunes], pour les vieux ».

Une autre forme de vapotage très prisée mais chez les adolescents, est celle de la puff (il faut prononcer peuf) qui signifie littéralement “bouffée” en anglais. Cette sorte de cigarette électronique a elle aussi des goûts très variés, mais à l’inverse est jetable. Cette fois nous avons demandé à un adolescent de 17 ans, Olivier qui lui est carrément accro. Il nous avoue « ne pas aimer du tout la cigarette », il est même « incommodé par le goût et l’odeur ». Ce qu’il aime c’est « la gestuelle » que procure la puf. Il peut changer de goût, et nous confie qu’il y a même « un trafic de puff dont il est au courant et qu’au lieu de les avoir à 10 euros, il les trouve à moitié prix ». Bien que certaines puffs ne contiennent pas de nicotine, d’autres peuvent avoir entre 0,9% et 1,7%. Loïc Josseran, chercheur en santé publique explique dans un entretien à Ouest France :le drame est que l’on s’adresse à des enfants très jeunes, notamment des collégiens, par le biais d’un produit ludique”, constate le tabacologue également président d’Alliance contre le tabac. Il ajoute : “contrairement à ce qu’affirment les fabricants, la cible c’est bien les plus jeunes. La variété des parfums proposés, comme banane givrée ou marshmallow, la publicité sur TikTok ou Instagram, montrent clairement qu’on ne vise pas des cinquantenaires !

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