Pendant que les vitrines clignotent et que les dîners de famille s’annoncent joyeux et copieux, il y a les chambres étudiantes, les frigos trop souvent vides, les messages qui ne viennent pas. À l’approche de Noël et du Nouvel An, la fracture se voit plus que jamais. La précarité étudiante n’est pas une abstraction statistique, elle se vit en silence, surtout quand le reste du monde célèbre.
- Un repas, ce n’est jamais “juste” un repas
- Quand la solidarité s’organise, chiffres à l’appui
- Étudiant·es et particulier·es, même combat contre la solitude
- « C’était exceptionnel » : quand les témoignages disent l’essentiel
- La précarité étudiante, ce scandale qui dure
- Au-delà des fêtes, une autre idée du collectif
- UP Coop, le social comme boussole
- Une place à table comme geste
Dans ce décor à deux vitesses, StudHelp relance Les RepaSolidaires, une plateforme nationale qui met en relation des particulier·es accueillant·es et des étudiant·es, pour un repas ou un moment partagé entre le 22 décembre 2025 et le 2 janvier 2026. Un dîner, un goûter, un café, une balade. Peu importe la forme, pourvu qu’il y ait une place.
Un repas, ce n’est jamais “juste” un repas
« Un repas, ce n’est pas “juste” un plat chaud : c’est une place à table, une conversation, le sentiment de compter. » La phrase de Florian Rippert, cofondateur et directeur général de StudHelp, dit tout. Elle dit aussi l’urgence. Plus de 80 % des bénéficiaires de l’association risquent de passer les fêtes seuls. Seuls et souvent à découvert. Ici, l’isolement social et les fins de mois s’additionnent. Les RepaSolidaires n’effacent pas la violence structurelle de la précarité, mais ils créent une respiration, une parenthèse humaine là où l’hiver se fait trop long.
Quand la solidarité s’organise, chiffres à l’appui
Lancée en décembre 2024, l’initiative a déjà fait ses preuves. Lors de la première édition, 411 accueillant·es ont ouvert leur porte à 612 étudiant·es. Résultat : plus de 600 repas partagés, 81 % de mises en relation effectives, et surtout des chiffres qui parlent autrement que les bilans comptables.
95 % des étudiant·es se sont dits moins seuls après le repas. 100 % des accueillant·es prêts à recommencer. Des statistiques qui racontent des visages, des conversations qui s’éternisent, des numéros échangés, parfois des habitudes qui naissent. « Au-delà des chiffres, ce sont des rencontres qui restent », insiste Rippert. En 2025, l’objectif est simple : remettre une chaise de plus à chaque table.
Étudiant·es et particulier·es, même combat contre la solitude
Ce qui frappe dans Les RepaSolidaires, c’est la simplicité radicale du dispositif. Il n’y a pas de grand discours, pas de charité spectaculaire, juste une plateforme, des inscriptions, une mise en relation selon la localisation et les disponibilités, il suffit de s’inscrire comme étudiant·e ou comme accueillant·e, et StudHelp fait le lien, et puis la rencontre se fait. Dans un pays obsédé par la performance et la compétition, l’initiative fait le pari inverse : celui de la proximité, de l’intergénérationnel, du temps donné. Un pari presque subversif à l’ère des fêtes sponsorisées et des solidarités sous conditions.
« C’était exceptionnel » : quand les témoignages disent l’essentiel
Les mots des bénéficiaires de 2024 sont courts, sans effets de style, mais ils frappent juste.
« C’était ma première fois et j’ai trouvé ça exceptionnel. » « L’initiative est vraiment top. »
« Tout était parfait. » Derrière ces phrases simples, une reconnaissance rare : celle d’avoir été accueilli, sans jugement, sans formulaire humiliant. Juste invité. Un étudiant remercie « les familles qui accueillent les étudiants », parle d’une dame « très gentille ». La gentillesse, devenue valeur politique faute de politiques publiques à la hauteur.
La précarité étudiante, ce scandale qui dure
StudHelp n’est pas née d’un élan sentimental, mais d’un constat brutal. En France, 89 % des étudiant·es ont déjà sauté des repas pour des raisons financières. 91 % vivent avec moins de 300 euros de reste à vivre. Fondée en 2021 par Florian Rippert, Elias et Anas, l’association s’est construite sur une idée simple et pourtant radicale : personne ne devrait avoir à choisir entre manger et étudier. Depuis, plus de 20 000 étudiant·es ont été aidé·es par plus de 9 500 donateurs, grâce à un réseau de six antennes locales et à une approche qui mêle technologie, présence de terrain et engagement citoyen.
Au-delà des fêtes, une autre idée du collectif
Les RepaSolidaires ne sont qu’un volet d’un dispositif plus large : mises en relation directes pour des dons alimentaires, distributions régulières, rencontres StudConnect pour créer du lien, guide en ligne StudAide pour s’orienter dans le labyrinthe des aides, et StudLabel pour pousser écoles, universités et entreprises à s’engager. Soutenue par plusieurs fondations et partenaires, l’association comble, sans s’en satisfaire, les trous béants d’un système qui laisse trop de jeunes sur le bord de la route.
UP Coop, le social comme boussole
Si Les RepaSolidaires tiennent debout, c’est aussi parce que certaines structures ont choisi de faire du social autre chose qu’un supplément d’âme. Le projet est soutenu par la Fondation du Groupe UP Coop, bras engagé d’une coopérative française historique qui a fait du pouvoir d’achat et de l’accès à l’essentiel un terrain politique autant qu’économique.
UP Coop, connue du grand public pour les titres-restaurant ou les chèques culture, fonctionne sur un modèle coopératif qui détonne dans le paysage : ici, pas d’actionnaires à rémunérer à tout prix, mais une gouvernance collective et une logique de redistribution. Depuis 2023, le groupe est devenu la première SCOP à mission en France, inscrivant noir sur blanc dans ses statuts un objectif simple et radical : coopérer durablement pour une utilité sociale et locale.
Créée en 2017, la Fondation UPcoop accompagne des projets qui ciblent les urgences : précarité alimentaire, isolement social, dépendance, invisibilisation. Il n’y a pas de mécénat cosmétique, juste un soutien pensé dans la durée, au plus près des associations qui sont sur le terrain. En s’engageant aux côtés de StudHelp, elle participe à une idée presque subversive à l’heure des fêtes de fin d’année : garantir qu’un repas puisse rester un droit, et le lien social une nécessité, pas un luxe.
Une place à table comme geste
À l’heure où les fêtes sont devenues un business à part entière, Les RepaSolidaires rappellent une évidence oubliée : partager un repas, c’est déjà faire société. Entre le 22 décembre 2025 et le 2 janvier 2026, StudHelp invite chacun·e à déplacer légèrement son centre de gravité. Accueillir, être accueilli·e. Donner du temps autant que de la nourriture. Une chaise de plus à table, ce n’est pas la révolution. Mais dans un pays où l’on parle beaucoup de cohésion et si peu de ceux qui restent seuls, c’est déjà un acte.
Infos & inscriptions : studhelp.fr/les-repas-solidaires



