Eva Lecoq, cofondatrice de SOVA veut faire du SOPK un véritable sujet de société. © Eva Lecoq

Eva Lecoq, ovaire et contre tout

Rapporteuses
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À l’occasion de la Journée mondiale du SOPK, la cofondatrice de SOVA sort du silence une pathologie qui touche une femme sur dix mais que la médecine continue d’ignorer. Paris, Cinéma Le Balzac. Ce 1er septembre, les spectateurs ne viennent pas pour la dernière comédie romantique à l’affiche, mais pour une avant-première qui a le goût d’un manifeste. Sur l’écran : une mini-série inédite, Déphasée, consacrée au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), pathologie hormonale aussi répandue qu’invisible. À l’initiative, Eva Lecoq, 29 ans, cofondatrice de SOVA, marque pionnière pensée pour les femmes atteintes du SOPK.

« À 16 ans, j’avais deux cycles en quatre ans, une acné sévère, une prise de poids inexpliquée. Le gynécologue s’est contenté d’un “revenez plus tard”. » L’errance médicale commence là. Pilule prescrite par défaut, culpabilité, troubles alimentaires, incompréhension. Eva raconte son adolescence comme une suite de rendez-vous stériles. « On m’a répété que mes ovaires étaient feignants, que je devais ma maladie à mon poids. Faux, archifaux. Mais ça laisse des cicatrices. »

Le refrain est connu. « Vos ovaires sont paresseux », « vous n’aurez pas d’enfant », « perdez du poids », « la pilule est la seule solution ». Des phrases entendues par des milliers de patientes. Eva les démonte une à une.
« Non, les ovaires ne sont pas feignants : ils sont perturbés par un déséquilibre hormonal. Non, le surpoids n’est pas la cause, c’est parfois une conséquence. Et oui, on peut être enceinte, à condition d’être diagnostiquée et accompagnée. »

Pilule imposée, culpabilité sur le poids, troubles alimentaires induits. « On me faisait croire que mon corps était défaillant. » « On m’a également conseillé de voir une diététicienne pour ma prise de poids, alors que mon alimentation et mon activité physique étaient correctes. Cela n’a eu pour effet que de déclencher des troubles du comportement alimentaire, sans régler le problème de fond

Il faudra attendre 2019 et un live d’EnjoyPhoenix pour que le déclic survienne : elle tape « SOPK » sur Google et se reconnaît dans chaque symptôme. Diagnostic confirmé par un gynécologue, enfin, mais sans explications. « Un soulagement mêlé à de la colère. J’avais perdu des années. » « J’étais soulagée d’avoir enfin un mot. Si j’avais su avant, je me serais réconciliée plus tôt avec mon corps. »

De la patiente à la militante, le passage est presque naturel. Avec sa sœur, elle fonde SOVA, une marque de compléments alimentaires conçus pour et par des femmes atteintes du SOPK. Mais aussi un média : contenus pédagogiques, podcasts, vidéos, et désormais cette mini-série. « On voulait que 2025 soit la dernière année où aucune femme ne puisse ignorer le SOPK. »

L’idée a émergé en avril, autour d’une question : « Comment faire pour que 2025 soit
la dernière année où aucune femme ne puisse ignorer ce qu’est le SOPK ?
». Puis nous nous sommes demandé : « Qu’est-ce que SOVA sait faire de mieux ? ». La réponse était évidente : partager des histoires. Sur les réseaux sociaux, nous avons appris à créer des récits qui touchent, qui captent l’attention.

Témoignage : « Je me suis reconnue en plein tournage »

Elle raconte le tournage, l’émotion brute : « Une membre de l’équipe s’est rendu compte en travaillant avec nous qu’elle avait probablement le SOPK. Elle vivait avec tous les symptômes sans jamais avoir eu de diagnostic. C’est dire le désert d’information. »

Sur le plateau, la technicienne craque. En suivant l’équipe, elle comprend qu’elle est probablement concernée. « C’était bouleversant, dit Eva. Ça prouve à quel point le SOPK reste méconnu, même parmi les femmes qui en souffrent. »

Faire du SOPK un sujet de société

Pourquoi un tel silence autour du SOPK ? Eva ne mâche pas ses mots : « L’endométriose mobilise parce qu’elle fait mal, qu’elle cloue au lit. Le SOPK, lui, est silencieux, mais honteux. Poils au menton, acné, kilos… ça attaque directement la féminité. Dire “j’ai une maladie qui me donne de la barbe”, c’est encore tabou. »

La mini-série veut briser cette gêne. Avec des personnages attachants, une intrigue accessible, elle met en scène le SOPK sans pathos ni jargon. « Le but, c’est que tout le monde comprenne, même ceux qui n’en ont jamais entendu parler. »

Eva défend un combat politique et culturel : « Tant qu’on réduit les femmes à leur capacité à avoir des enfants, on passe à côté de l’essentiel. Le SOPK touche l’estime de soi, la santé mentale, la vie sociale. Il faut en parler à l’école, dans les médias, dans les séries. Sinon, des milliers de femmes continueront de se sentir seules. »

On devrait apprendre dès le collège comment fonctionne le corps, ce qui est normal ou pas, et quelles pathologies existent. Même si le diagnostic du SOPK n’est pas recommandé avant 6 à 8 ans après les premières règles, il est essentiel que les jeunes filles aient déjà les clés pour comprendre ce qui se passe en elles et pour repérer les signaux d’alerte.

Alors Eva Lecoq se bat aussi pour sortir le SOPK du cabinet médical. « On doit arrêter de réduire les femmes à leur fertilité. Le SOPK, c’est aussi la confiance en soi, le bien-être au quotidien. Il faut en parler à l’école, dans les médias, partout. »

Un message qu’elle a tenu à faire passer dès ce 1er septembre : le diagnostic n’est pas une fin, mais un début. « On peut apprendre à vivre avec, à se réconcilier avec son corps. Le plus important, c’est de savoir qu’on n’est pas seule. »

Quand nous lui demandons quel message espère t’elle que le public retienne après la projection ? Eva répond : « il est possible de reprendre la main. Le diagnostic n’est pas une fin en soi, c’est la première étape pour mieux comprendre son corps et agir. Notre souhait, c’est que cette mini-série circule le plus largement possible, pour que des femmes puissent s’y reconnaître, aller consulter, et enfin obtenir un diagnostic. »

Et après ?

La mini-série n’est qu’un début. SOVA prévoit webinars, challenges “hormones friendly” et un déploiement international. Déjà présente en Italie et au Royaume-Uni, la marque veut élargir son impact.
Quant à Eva, son message aux jeunes diagnostiquées est simple : « Vous n’êtes pas seules. Le SOPK fait partie de vous, mais il ne vous définit pas. »

Il faut rappeler ce chiffre : 1 femme sur 10 en âge de procréer est atteinte du SOPK. Mais il faut en moyenne 5 à 10 ans pour obtenir un diagnostic.

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