Antoine Gougaud, responsable des ventes francophones de la marque TENGA. © Antoine Gougaud

Iroha : « nous voulons sortir la sensualité féminine de la honte »

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Rédaction Rapporteuses
Observatrices curieuses et infatigables, Rapporteuses racontent le monde qui les entoure avec un regard à la fois précis et espiègle. Du glamour des soirées parisiennes aux...
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À rebours du marketing tapageur et des gadgets qui clignotent, Iroha impose une autre idée du plaisir : silencieuse, apaisée, presque méditative. Portée par l’esthétique japonaise et une équipe 100 % féminine en recherche et développement, la marque de TENGA veut offrir aux femmes des objets qui ressemblent davantage à des compagnons de bien-être qu’à des sextoys “à cacher”. Antoine Gougaud, responsable des ventes francophones, défend une révolution intime qui passe par la douceur, et par l’abandon de la honte.

Rapporteuses : Le Japon est souvent perçu comme pudique en matière de sexualité. Comment une marque japonaise comme iroha a-t-elle réussi à faire du plaisir féminin un sujet de design et de bien-être ?

A.G. : C’est vrai, le Japon est une société où la pudeur occupe une place importante, mais c’est aussi un pays où l’attention au détail, au confort et à l’esthétique est omniprésente. iroha est née de cette culture du soin et du respect du corps. Chez TENGA, notre maison mère, nous avons voulu créer une marque qui permette aux femmes d’explorer leur plaisir sans honte, dans un cadre intime et apaisé. En associant le design japonais minimaliste, doux et élégant, à une approche centrée sur le bien-être, nous avons pu transformer un sujet souvent tabou en une véritable expérience de soin personnel.

Rapporteuses : Vous parlez de “bien-être intime” plutôt que de sexualité. C’est une stratégie marketing ou une philosophie ?

Nous avons voulu créer une marque qui permette aux femmes d’explorer leur plaisir sans honte, dans un cadre intime et apaisé.

Antoine Gougaud

A.G. : C’est avant tout une philosophie. Nous pensons que le plaisir fait partie intégrante du bien-être global, au même titre que le sommeil, la nutrition ou la santé mentale. Le terme “bien-être intime” traduit notre volonté de normaliser la sexualité féminine sans la réduire à un acte érotique. Nos produits sont conçus pour procurer du plaisir, bien sûr, mais aussi pour reconnecter les femmes à leur propre corps, à leurs émotions et à leur rythme intérieur. Ce n’est pas une provocation, mais plutôt une invitation à trouver cet équilibre.

Rapporteuses : Le design d’iroha est minimaliste, presque zen. Pourquoi ce choix esthétique, à mille lieues de l’imaginaire érotique occidental ?

A.G. : Le design d’iroha s’inspire directement des principes du design japonais : simplicité, harmonie, discrétion. Beaucoup de nos produits sont aussi des références à la culture japonaise dans leurs noms, formes et designs. Nous voulions nous éloigner de l’imagerie souvent très sexualisée de l’industrie occidentale, pour créer des objets que l’on puisse poser sur une table de chevet sans gêne. Leur forme douce, leurs couleurs pastel, leur texture soyeuse, tout est pensé et développé par une équipe 100% féminine dans le but d’évoquer la sérénité sans avoir cette gêne invisible. L’objet devient plus un compagnon de bien-être qu’un symbole de transgression.

Rapporteuses : Les sextoys pour femmes ont longtemps été cachés, voire honteux. Comment fait-on, en 2025, pour les rendre désirables sans les banaliser ?

A.G. : En leur rendant leur dignité. Nous ne cherchons pas à choquer ni à banaliser, mais à rendre ces objets esthétiques, utiles et naturels. En changeant leur design, leur langage et leur place dans le quotidien, on transforme le regard qu’on porte sur eux. Le plaisir féminin n’est pas un sujet honteux, mais il mérite d’être abordé avec sensibilité. Chez iroha, nous voulons que chaque femme puisse s’approprier son intimité à son rythme, sans pression ni jugement.

Rapporteuses : L’Europe francophone a sa propre culture du corps et du plaisir. Comment vos produits sont-ils perçus ici, par rapport au Japon ?

A.G. : C’est très intéressant : en Europe, les femmes se montrent souvent curieuses, ouvertes et sensibles à notre approche douce du plaisir. Elles apprécient le raffinement japonais et la discrétion d’iroha, qui contraste avec les codes plus explicites de certaines marques locales. Au Japon, l’approche est encore plus intime, plus silencieuse, mais les motivations se rejoignent : le désir d’un plaisir personnel, respectueux et sans jugement. C’est une rencontre entre deux cultures qui valorisent le bien-être et la beauté dans le plaisir intime.

Nous voulons montrer qu’il n’y a rien de “sale” ou de “dangereux” dans le plaisir. C’est une émotion humaine, belle et naturelle, qui mérite douceur et respect.

Antoine Gougaud

Rapporteuses : Le discours autour de la sexualité féminine s’est libéré, mais le tabou reste fort dans certaines sociétés. Comment iroha compose-t-elle avec cette ambivalence ?

A.G. : Nous avançons avec respect. Chaque pays, chaque culture a son propre rythme d’évolution. iroha ne cherche pas à imposer un discours, mais à ouvrir des espaces de conversation sereins. Nos campagnes sont douces, nos visuels apaisants, nos mots choisis. C’est une manière d’aborder un sujet sensible sans brusquer. Le plaisir ne doit pas être militant ou provocateur pour être libérateur. Il peut être calme, silencieux et profondément intime.

Rapporteuses : Le marché du bien-être intime est en plein boom. Qu’est-ce qu’iroha fait de différent, au-delà de la promesse d’un “plaisir chic” ?

A.G. : Ce qui nous distingue, c’est l’attention portée à l’expérience globale : le design, le toucher, la sécurité des matériaux, mais aussi le message. Nous voulons que chaque produit inspire confiance et bienveillance. Nos matériaux sont d’une douceur inégalée, notre recherche se concentre sur le confort, la durabilité et la discrétion sonore. Et au-delà du produit, nous participons à une évolution culturelle : faire du plaisir féminin un sujet naturel, sans exagération ni tabou !

Rapporteuses : Votre communication est douce, apaisée, loin de la provocation. Est-ce aussi une manière de réconcilier les femmes avec leur propre intimité ?

A.G. : Absolument. Nous pensons que beaucoup de femmes ont été éloignées de leur intimité par la honte, la pression ou les clichés. Notre ton, notre esthétique et notre langage visent à rétablir un lien de confiance entre elles et leur propre corps. Nous voulons montrer qu’il n’y a rien de “sale” ou de “dangereux” dans le plaisir. C’est une émotion humaine, belle et naturelle, qui mérite douceur et respect.

Rapporteuses : Parlez-nous de l’innovation : texture, matériaux, technologie… Comment la recherche se met-elle au service du plaisir ?

A.G. : iroha bénéficie du savoir-faire technologique de TENGA, reconnu dans le monde entier. Nous développons des matériaux exclusifs, comme le “Soft-Touch Silicone”, à la fois soyeux et hygiénique, qui reproduit la sensation d’un contact naturel. Nous travaillons aussi sur la forme et l’ergonomie pour que chaque produit s’adapte parfaitement au corps. L’innovation, pour nous, ce n’est pas d’ajouter toujours plus de fonctions, mais d’améliorer la sensation, la simplicité et la confiance dans l’usage.

Rapporteuses : En une phrase, quel serait selon vous le prochain grand défi du secteur du bien-être intime féminin ?

A.G. : Faire du plaisir un langage universel du bien-être, libéré du tabou, du genre et du regard des autres.

Plus d’infos :

Site Officiel de la marque iroha

Instagram

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Observatrices curieuses et infatigables, Rapporteuses racontent le monde qui les entoure avec un regard à la fois précis et espiègle. Du glamour des soirées parisiennes aux coulisses des affaires, de la culture aux nouvelles tendances, elles parcourent la ville et le monde pour capter les histoires, les personnages et les mouvements qui font l’actualité. Toujours sur le terrain, elles mêlent rigueur journalistique et sens du récit, pour offrir aux lecteurs des portraits, enquêtes et chroniques à la fois informatifs et captivants.
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