Derrière une porte cochère anodine de l’avenue Marnix, Bruxelles cache son nouveau secret bien gardé : Faubourg 21. Ni palace tapageur, ni hôtel standardisé, mais une respiration. Un lieu où la patine du XIXᵉ flirte avec la modernité, où le service devient caresse, où chaque mur, chaque boiserie, chaque assiette raconte l’art de recevoir autrement. Bienvenue dans « le plus grand petit palace », version slow luxe.
Ici, pas de lobby grandiloquent ni de réception au sourire formaté. Faubourg 21 préfère le chuchotement au cri, la soie au cristal, la patine à la brillance. L’hôtel se définit comme “l’hôtellerie du soin” : attention, écoute, émotion. Tout se joue dans le détail, un reflet, un velours, un parfum discret dans l’escalier. Un luxe d’atmosphère plus que de démonstration, comme si Bruxelles, pudique et un peu rebelle, tenait enfin son antidote au clinquant.
Deux maisons, une âme



Le Faubourg 21, c’est d’abord une double renaissance : deux bâtisses historiques restaurées avec une précision quasi monastique. Le numéro 21, un hôtel particulier Louis XIV classé monument historique, retrouve sa splendeur originelle grâce à des artisans belges qui ont tout refait, moulures, marbres, toiles tendues, jusqu’aux faïences repeintes à la main. Le 22, lui, plus néoclassique, a été repensé, réorganisé, redessiné pour faire corps avec son voisin. Passé et futur se tiennent par la main.
La maison Sarah Lavoine en chef d’orchestre



Dans les chambres et suites, toutes différentes, la Maison Sarah Lavoine a composé une symphonie feutrée : bleus d’encre, verts doux, laiton brossé. Pas de surcharge, mais une impression d’évidence. De 25 à 60 m², chaque espace a sa respiration, son histoire, sa lumière. On se sent chez soi, mais mieux que chez soi. Un peu comme si le temps s’était arrêté à l’heure du thé.
Ré Labo de Beauté : la détente à la belge



Sous les anciennes cuisines, oui, les vraies, se cache Ré Labo de Beauté, un sanctuaire du bien-être. Exit les spas tapageurs : ici, pas de comptoir, pas de néons, juste des voix basses et des mains sûres. Les soins Valmont s’y pratiquent comme des rituels d’initiés, entre bio-sauna et thermospa. Trois cabines à la lueur tamisée, un fitness dans les anciennes écuries : le raffinement a définitivement quitté les clichés pour le concret.
Gastronomie : de la flamme au velours



Côté table, Bruxelles retrouve le goût du risque. Bistra Noisette, mené par Martin Chasles, joue la carte du mouvement permanent : menu en liberté, plats à l’humeur, brunchs qui s’étirent jusqu’à l’après-midi. C’est vivant, inventif, libre.
Et puis il y a Chaga, au dernier étage. La table signée Kevin Lejeune, étoilé sans effets spéciaux. Sa cuisine flambe au robata, ce barbecue japonais ancestral qui fait chanter la flamme et caramélise le produit juste ce qu’il faut. Ici, la brutalité du feu épouse la finesse du geste. Dans une salle signée Sarah Lavoine, bois brûlé et lave émaillée composent un clair-obscur sensuel. Une expérience plus qu’un dîner.
Bar 21 : l’élégance en clair-obscur



Un escalier majestueux conduit à Bar 21, salon feutré où les lambris du XVIIIᵉ murmurent encore des secrets d’aristocrates. Cognac, vermouth, porto : ici, on boit lentement. On refait le monde à voix basse. On oublie Bruxelles dehors. L’adresse a déjà ses fidèles, ceux qui savent que le vrai luxe se cache toujours dans l’ombre.
Faubourg 21 n’est pas un hôtel. C’est un état d’esprit. Une certaine idée du calme, de la beauté, du geste juste. Une manière de rappeler que le luxe, quand il est sincère, n’a besoin ni de dorures ni de slogans. Il suffit d’une porte cochère. Et d’un peu de silence.