rapporteuses.com

Rapporteuses

Mahsa Amini © IranHumanRights/Twitter

Manifestation suite à la mort de Mahsa Amini : France, ça suffit le silence !

La police française a utilisé dimanche des gaz lacrymogènes pour empêcher des milliers de personnes défilant à Paris pour protester contre la répression des manifestations en Iran d’atteindre l’ambassade de la République islamique, selon des journalistes de l’AFP et des manifestants.

Des manifestations soutenant le mouvement en Iran ont eu lieu dans plusieurs pays samedi, aux États-Unis, au Chili, au Canada, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Irak, pays voisin de l’Iran. Samedi et dimanche deux étaient organisées à Paris pour dénoncer la mort en détention de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée à Téhéran le 13 septembre par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Depuis 1983, la loi islamique oblige les femmes, iraniennes et étrangères quelle que soit leur religion, à sortir la tête voilée et le corps couvert d’un vêtement ample plus ou moins long. Le 13 septembre Mahsa Amini qui rendait visite à ses parents, a été arrêtée au motif que son voile ne cachait pas suffisamment son visage. En Iran la police de la Charia chargée de faire respecter les règles vestimentaires est surtout assurée par des femmes, qui parfois font preuve d’une violence dénoncée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. Après trois jours dans le coma Mahsa Amini est décédée dans des circonstances étranges dans un pays où l’information est opaque. Sa mort a déclenché des manifestations dans les principales villes d’Iran, ainsi que dans des capitales occidentales dont Paris et Londres.

Une poignée de mains qui ne passe pas

Manifestation à Paris contre le régime iranien, le 25 septembre 2022 à Paris ©

Au moins 54 personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis le début des émeutes liées à la mort de Mahsa Amini aux mains de la police, le 16 septembre. Le gouvernement conservateur de Ebrahim Raïssi tente de paralyser une mobilisation qui prend de l’ampleur dans de nombreuses villes du pays. En France les participants au rassemblement  parisien de dimanche reprochent notamment au président français Emmanuel Macron d’avoir serré la main de son homologue iranien Ebrahim Raïssi lors de leur rencontre le 20 septembre en marge de l’assemblée générale des Nations unies à New York, portant notamment sur une relance de l’accord international sur le programme nucléaire de Téhéran. « Des manifestants ont tenté de franchir les barrages de police et jeté des projectiles sur les agents », a annoncé dans un communiqué la préfecture de police, qui a fait état de cinq arrestations. À l’approche de l’ambassade, près du siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les policiers ont fait usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants qui tentaient de franchir leur cordon interdisant l’accès à la représentation diplomatique de la République islamique. Parti de la place du Trocadéro, le cortège parisien s’est dirigé vers l’ambassade d’Iran au son de slogans tels que « femme, vie, liberté ! », en écho à ceux des manifestants en Iran, ou encore « France, ça suffit le silence ». La comédienne et graphiste franco iranienne Farahnaz Leblais qui était parmi les manifestants a déclaré à Rapporteuses : « de la Place du Trocadéro, nous sommes descendus vers Place d’Iéna pour nous diriger vers l’ambassade d’Iran. On était accueilli par une bonne centaine de CRS armés jusqu’aux dents, et leurs camions blindés…Puis, pour nous empêcher de continuer, ils nous ont aspergé de gaz lacrymogène ! ». La préfecture de police de Paris a fait état de son côté de « 4 000 personnes » rassemblées place d’Iéna. À plusieurs reprises, des groupes ont tenté de forcer le barrage mis en place par les forces de l’ordre qui ont eu recours à des « moyens d’intervention intermédiaires » (gaz lacrymogènes) pour les repousser, selon la préfecture de police. Une personne a été interpellée pour « outrage et rébellion » et un policier a été légèrement blessé, a ajouté la préfecture. « Au vu de ce qui se passe actuellement, nous Iraniens, nous sommes vraiment mobilisés, nous devons réagir étant donné que nous sommes loin de notre patrie, notre pays », a déclaré à l’AFP une manifestante franco-iranienne qui n’a souhaité s’identifier que par son prénom, Nina. Pour Farahnaz Leblais qui a filmé la scène elle nous confie : « J’ai filmé avant que cette p…de fumée ne m’arrive. On a bien senti que le gouvernement français protège ces ordures au pouvoir en Iran…trop injuste ».

Ebrahim Raïssi accuse l’Occident d’avoir “deux poids, deux mesures” concernant les droits des femmes

Des manifestants contre le président iranien Ebrahim Raisi devant les Nations unies, à New York, le 21 septembre 2022 © Stephanie Keith

Le président iranien Ebrahim Raïssi lors de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 21 septembre 2022.a accusé l’Occident d’avoir “deux poids, deux mesures” concernant les droits des femmes, pendant que les manifestations se succèdent dans son pays après la mort Mahsa Amini. “Il y a deux poids, deux mesures, avec une attention portée seulement d’un côté et pas partout“, a déclaré le président, évoquant pour dédouaner son gouvernement les morts de femmes de peuples autochtones au Canada ou les actions israéliennes dans les territoires palestiniens. “Cela montre que la place de l’accusé et du défenseur ne doit pas être jugée seulement à l’aune de ce qui est présenté par certains“, a-t-il ajouté. Des déclarations chocs alors que des femmes ont été abattues ces derniers jours parce qu’elles avaient protesté contre le décès de Mahsa Amini. Ghazaleh Chelavi 32 ans a été abattue d’une balle dans la tête dans la ville d’Amol. Hananeh Kia 23 ans, a été tuée par les forces de sécurité dans la ville de Nowshahr. Mehsa Mogoi 18 ans, tuée dans les rues d’Ispahan quand la police a ouvert le feu sur les manifestants. Leur crime ? Vouloir simplement vivre leur vie et refuser que des mollahs décident de leur façon de se vêtir. Ebrahim Raïssi qui avait accepté une interview en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies avec Christiane Amanpour la journaliste britannique d’origine iranienne pour CNN s’est décommandée. Selon la cheffe de l’antenne internationale de CNN, un conseiller du président iranien est venu la voir «40 minutes après l’heure à laquelle l’interview auraient dû débuter », pour lui dire que Ebrahim Raïssi « suggérait » qu’elle porte un voile, « parce que ce sont les mois sacrés de Mouharram et Safar ». Christiane Amanpour, qui a posté une photo d’elle en face d’un fauteuil vide a déclaré : « J’ai poliment refusé. Nous sommes à New York, où il n’existe aucune loi ou tradition concernant le port du foulard. J’ai fait remarquer qu’aucun président iranien précédent ne l’avait exigé lorsque je l’avais interviewé en dehors de l’Iran ». « Alors nous avons laissé tomber. L’interview n’a pas eu lieu. Alors que les manifestations se poursuivent en Iran et que des personnes sont tuées, cela aurait été important de parler avec le président Raïssi ». Une occasion manquée pour la journaliste de demander des comptes au président iranien. Certains internautes ont suggéré qu’elle aurait dû accepter et enlever son voile pendant l’interview.

2 réflexions sur “Manifestation suite à la mort de Mahsa Amini : France, ça suffit le silence !”

  1. Mille merci de faire attention de notre manifestation 🙏🏻🙏🏻🙏🏻🙏🏻🙏🏻Keep continue please 😭😭😭😭😭😭😭

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Visits: 159