Selon une enquête OpinionWay pour Amazon menée auprès de 2 662 personnes représentatives de la population française, 43 % des Français finalisent leurs cadeaux de Noël moins d’une semaine avant le 25 décembre, et 19 % dans les trois derniers jours. Parmi eux, 20 % expliquent ce retard par le travail et les obligations professionnelles, 43 % par des idées qui arrivent trop tard, et 37 % par l’attente des promotions.
Le compte à rebours est lancé, à quelques jours du réveillon, la moitié du pays n’a toujours rien emballé. Travail, fatigue, inspiration tardive, Amazon promet la livraison express avant Noël. Mais derrière la commodité et la performance logistique, une question qui mérite une réflexion collective : jusqu’où peut-on empiler les colis sans en payer le prix écologique ?
La foule, le froid et l’abandon
Elsa, 32 ans, parisienne bosse toute la semaine. Métro, réunions, mails tardifs. Noël, elle y pense entre deux notifications. Le seul créneau possible, c’est le samedi. Pas le choix. Samedi 6 décembre, elle s’y est collée avec une amie. Grands magasins, rues commerçantes, foule compacte. Elles ont tenu quelques heures, bravé la queue, la pluie, l’agitation, heureusement, l’odeur des marrons chauds, échappée du four des vendeurs à la sauvette, leur a redonné un peu de courage. Victoire partielle : les cadeaux pour ses parents sont trouvés, emballés, Elsa est presque soulagée.
Mais il reste le plus délicat : son petit ami, et les parents de celui-ci. Le cadeau qui doit faire bonne impression sans en faire trop. Le truc juste, ni banal ni prétentieux. Toute la semaine, Elsa y repense sans décider. Le samedi suivant arrive. Elle est épuisée. La fatigue s’est accumulée, la motivation a fondu. Refaire la foule, la queue ? Non merci.
Alors elle ouvre son ordinateur. Un thé, un plaid, une série sur son téléviseur. Sur l’écran, les promesses rassurent : livré avant Noël. En quelques clics, elle tranche. Un cadeau pour lui. Un autre pour eux, et son panier est validé. La culpabilité écologique traverse son esprit, brièvement. Puis le soulagement reprend le dessus. Noël avance, Elsa peut souffler.
Une scène banale, mais répétée des milliers de fois, avec le clic comme échappatoire. Et sous le sapin un colis de plus, et pour la Planète aussi.
Cadeaux tardifs, proches immédiats
L’enquête montre pourtant que les Français n’ont pas déserté les magasins : 73 % achètent encore en boutique au moins une fois par mois. Mais quand l’urgence s’installe, le réflexe numérique reprend la main. Pour être sûr d’être livré à temps, 72 % des Français citent Amazon comme site prioritaire pour leurs achats de dernière minute, loin devant les autres plateformes. La promesse rassure. D’autant que pour 78 %, la date limite « sereine » pour commander en ligne reste J-7… ce qui laisse malgré tout 20 % prêts à commander à moins d’une semaine de Noël.
Elsa fait partie de ceux-là, la commande pour son compagnon, puis pour ses beaux-parents, en quelques minutes, est réglé. La dernière minute ne concerne pas des inconnus. Elle touche le cercle intime. Les cadeaux achetés tardivement sont d’abord destinés aux enfants (40 %), au conjoint (36 %) et aux parents (31 %) Autrement dit : ceux pour qui on ne veut pas se tromper, et pour qui on repousse souvent la décision.
Et quand le cadeau n’est pas là à temps ? Là encore, la banalité domine. 76 % des Français reconnaissent avoir déjà inventé une excuse pour justifier l’absence de cadeau à Noël. La plus fréquente : « le cadeau est en retard, la livraison n’est pas encore arrivée » (33 %).
La promesse logistique, et ses limites
Pour les retardataires, Amazon déroule ses solutions : badge « Livré avant Noël », livraisons à domicile ou dans 35 000 points de retrait, consignes automatiques, options rapides pour les membres Prime, cartes cadeaux envoyées par SMS, retours prolongés jusqu’au 31 janvier. Une organisation huilée, pensée pour absorber le pic.
Mais cette efficacité pose question. Chaque année, la période de Noël concentre une masse exceptionnelle de livraisons, sans chiffres avancés dans l’enquête. Une évidence s’impose alors : plus de commandes de dernière minute signifie aussi plus de flux, plus d’emballages, plus de transports sous tension. La rapidité a un coût, et il n’est pas seulement financier.
Cliquer vite, penser lentement
La frénésie des colis n’est pas neutre pour la planète, et personne ne l’ignore vraiment. Mais comme souvent, l’urgence personnelle l’emporte sur la conscience collective. Elsa y pense, brièvement. Elle sait que commander n’est pas neutre, mais comme beaucoup, elle arbitre. Entre fatigue et conscience écologique, c’est la fatigue qui gagne, ce samedi là. Mais Noël fonctionne ainsi : une parenthèse où le confort gagne, et où la logistique masque les conséquences pour l’environnement.
Les cadeaux de dernière minute restent avant tout familiaux, enfants, conjoints, parents, preuve que l’intention demeure. Mais à force de transformer l’émotion en colis express, la question écologique s’invite de plus en plus clairement, mais pas encore assez pour changer les pratiques. Juste assez pour gâcher un peu la magie.
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