Sonia Rolland reçoit le prix Culture TV & Divertissement 2025 lors de la 5ᵉ édition des Prix des Arts et de la Culture à l'Institut français, le 3 décembre 2025. © DR

À l’Institut français, One Vision fait des étincelles de baroque

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Rédaction Rapporteuses
Observatrices curieuses et infatigables, Rapporteuses racontent le monde qui les entoure avec un regard à la fois précis et espiègle. Du glamour des soirées parisiennes aux...
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En investissant l’Institut français pour la 5e cérémonie des Prix des Arts et de la Culture, le 3 décembre dernier, l’association One Vision, présidée par Dreyfus Louyebo, affichait clairement son ambition : exister sur la carte mondiale grâce à la culture. Mais entre gala scintillant, prix attribués à partir de quels critères, et diplomates ravis, la soirée révèle surtout les enjeux d’une coopération internationale et culturelle renforcée et prometteuse.

Il y a des soirées où on sait où on met les pieds. Et puis il y a les autres, celles où l’on avance comme Jean-Claude Barny réalisateur du film Fanon le décrit si bien : « en confiance, les yeux fermés, presque avec un bandeau », persuadé que tout va rouler.

Niveau look, Paris Fashion Week pouvait aller se rhabiller. Sapé.e.s comme jamais, artistes, personnalités, invités et invités-d’invités avaient sorti le combo smoking couture et pagne haute-couture. Un vrai « Tout-Monde », aurait dit Glissant, terme cité avec ferveur plus loin par Jean-Claude Barny, rencontré ce soir-là dans la salle, drapé dans une tunique noire d’une sobriété impeccable.

One Vision, une vision, une stratégie

Depuis une décennie, la France est devenue le terrain de jeu privilégié des stratégies d’influence africaines. One Vision suit cette voie : miser sur l’art, l’image, la diaspora, pour refaçonner sa perception internationale. Portée par Dreyfus Louyebo, l’association se veut le bras culturel de cet élan, un levier philanthrope, mais aussi stratégique. Et où activer cette stratégie, sinon à Paris ? Avec ses 400 invités, la cérémonie ressemblait à un mini-G20 culturel de la diversité, version tapis rouge, mais une question, chuchotée ici et là, flottait dans l’air parfumé : selon quels critères les prix étaient-ils attribués ? Ventes ? Aura médiatique ? Réseaux ? Opportunité politique ? Malheureusement ce flou qui planait dans la salle, affaiblit l’ambition, parce que sans cohérence, un événement aussi prestigieux soit-il ressemble vite à un feu d’artifice tiré en plein jour.

L’an dernier, la cérémonie avait eu lieu sur les Champs, mais cette fois-ci, One Vision a troqué l’avenue la plus chère du monde pour un lieu plus grand, avec prestige estampillé République française, pile ce qu’il faut pour annoncer au monde que “la culture est mise à l’honneur” selon les déclarations de “Dreyfus Louyebo”.

De l’autre côté de la scène : dix prix distribués à des figures de la culture et de l’entertainment français, des artistes de tous horizons, un parterre aussi divers qu’un générique de Netflix. Le résultat, lui, oscillait entre ambition sincère, confusion des genres et moment baroque selon la formule de Jean-Claude Barny. Mais une question, chuchotée dans les travées, flottait : sur quoi reposaient les choix du palmarès ?


Quand l’influence rencontre la vision culturelle…

Ce soir-là, tout semblait pensé pour accélérer la bascule : Nicoletta pour l’intergénérationnel, Sonia Rolland pour l’élégance politique, Just Riadh pour la puissance numérique, et une présence africaine assumée dans le jury, notamment avec Rahmatou Keïta, journaliste-réalisatrice respectée, figure de la rigueur panafricaine. “Avec sa 5ème édition, la DAC, qui est déjà un bol d’oxygène dans le monde des arts et de la culture devient un rendez-vous incontournable et un moment de rencontre et de partage où se croisent toutes les disciplines qui font le socle sur lequel repose une société et ce n’est que justice“. dit-elle.

La vision de Barny : “un avant-goût de ce que pourrait être le monde afro-européen”

Dans la salle, le réalisateur Jean-Claude Barny avait l’œil analytique. “Il y a des soirées ou on va en confiance les yeux fermés presque avec un bandeau sur les yeux, car on sait ce qu’on va découvrir. Cette soirée était un puzzle des différentes époques que nous avons connues, et qu’on pouvait rassembler en une seule fois. J’ai vraiment aimé ce moment ou des générations ont rendu hommage à celles qui ont fait rire leur parent voir leurs grand-parents” dit-il. C’est normal, les puissances émergentes testent, tâtonnent.

C’était une surprise hyper agréable de découvrir Nicoletta, Bernard Menez, qui sur le même plateau pouvait saluer Sonia Rolland, ou d’autres artistes plus contemporains. Comme le disait Edouard Glissant cela veut dire qu’il y a un “Tout Monde”, un tout monde culturel. Ce genre d’hommage est plus fort que la multiculturalité que la mixité. Cela s’appelle selon moi un art triangulaire. Un art où les gens se rencontre s’apprécient.”

Effectivement cette notion décrite par Barny, plus solide politiquement que le discours officiel, donne une vraie cohérence possible au projet de One Vision : celle de construire un espace culturel afro-européen hybride, fluide, inventif. Une piste bien plus moderne que les trophées alignés sur scène.

Il poursuit : “Il y avait une qualité cousue très afro people où il n’y a plus de limite à tout ce qu’on a envie de dire, de faire, comment se comporter. Il n’y a plus de jugement de regard. Cette soirée était ce qu’on voit dans les Mégapoles, et je pense à New York. Il y a une sorte d’avant-garde qui donne le la, la tonalité à la future couleur, ou une géographie, une culture, auxquelles un pays va devoir s’accommoder. Pour moi c’était ça cette soirée, une pièce avant-gardiste de ce que demain nous allons devoir tous partager, un transfert de génération, un transfert culturel, une vraie carte qui s’appelle : l’art triangulaire“.

Il touche juste, l’idée de Barny de « l’art triangulaire », un art où chacun se rencontre, se répond, sans jugement, est peut-être la seule véritable boussole qui a émergé de la soirée. Il ajoute pour finir : “mais avant de trouver le bon dosage, la bonne greffe, il va falloir plusieurs essais. Celui-ci, c’était un grand pas, une belle démonstration. Maintenant il faut continuer, trouver une programmation. Le lieu était incroyable, c’était comme dans “Alice aux pays des merveilles”. La magie prenait, mais c’était comme dans un conte, complètement baroque.

Le décor baroque de l’Institut français, décrit par Barny comme « Alice au pays des merveilles », donnait effectivement à la cérémonie un parfum de conte politico-culturel : séduisant, scintillant, mais parfois surréaliste.

En sortant, on avait le sentiment d’avoir assisté à quelque chose d’inédit. Pas parfait, mais prometteur. L’événement a révélé qu’un futur est possible, celui d’un espace culturel afro-européen où les générations se croisent, s’influencent, se reconnaissent, mais mercredi soir, une évidence s’est imposée : One Vision a une ambition et une envie réelle d’exister autrement.

Plus d’infos :

One Vision est une association d’intérêt général (présidée par Dreyfus Louyebo) qui, depuis 2019,
soutien et œuvre à la valorisation de la création artistique et culturelle en France comme à l’étranger à travers sa Cérémonie et son Dîner des Arts et de la Culture.
Chaque année, le comité de sélection de One Vision se réunit autour de cinq principaux axes que
sont l’éducation, la santé, l’environnement, l’aide humanitaire et les arts et la culture. Les fonds
récoltés servent à alimenter l’ensemble de ces projets. Cette année, c’est le Fonds de dotation pour les artistes émergents qui sera mis à l’honneur.

Les lauréats 2025 :

Littérature : Frédéric Beigbeder

Culture TV & Divertissement : Sonia Rolland

Musique : David Hallyday

Parcours & carrière : Djibril Cissé

Cinéma : Frédéric Chau

Créateur numérique : Just Riadh

Humour : Laurent Baffie

Sport : Yoann Huget

Artiste international : Mohamed Ramadan

Entrepreneur international : Kareem Biggs

Médaille d’honneur : Nicoletta

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Observatrices curieuses et infatigables, Rapporteuses racontent le monde qui les entoure avec un regard à la fois précis et espiègle. Du glamour des soirées parisiennes aux coulisses des affaires, de la culture aux nouvelles tendances, elles parcourent la ville et le monde pour capter les histoires, les personnages et les mouvements qui font l’actualité. Toujours sur le terrain, elles mêlent rigueur journalistique et sens du récit, pour offrir aux lecteurs des portraits, enquêtes et chroniques à la fois informatifs et captivants.
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