Raquel Welch a marqué la pop culture avec son bikini en fourrure dans "Un million d'années avant J.C." © Alamy/ABACA

Raquel Welch : icône préhistorique et bombe atomique de la pop culture

Lise-Marie Ranner-Luxin
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Rédactrice en chef et fondatrice de Rapporteuses, Lise-Marie Ranner-Luxin allie vision éditoriale et plume affûtée. Passionnée par les histoires humaines, les tendances culturelles et l’actualité qui...
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Elle avait ce regard de panthère et ce port de reine inca. Raquel Welch, star planétaire, sex-symbol en peau de bête, s’est éclipsée à 82 ans, terrassée par une “brève maladie”, pudique euphémisme pour une disparition discrète, presque à contre-emploi d’une vie en technicolor.

Une carrière au galop, un décolleté ravageur, et un nom inscrit à jamais dans le grand bestiaire du cinéma pop des sixties.

Née pour briller

Raquel Welch dans “Un million d’années avant JC” en 1965 © Rex Features

San Diego, fin des années 50. Jo Raquel Tejada, d’origine bolivienne par son père, gagne son premier titre : Miss San Diego. Elle enchaîne les apparitions télé façon Bewitched ou The Virginian, puis remonte la côte jusqu’à L.A. pour s’attaquer à plus grand : le septième art. Premier rôle marquant en 1966 dans Fantastic Voyage, une série B psychédélique où des scientifiques sont miniaturisés pour explorer un corps humain. L’année suivante, elle explose littéralement dans les salles avec Un million d’années avant J.C.. Un film de dinosaures en carton-pâte, mais un bikini en peau de bison qui claque comme un manifeste visuel. Welch ne dit presque rien à l’écran, mais elle imprime. Le monde entier se fige devant cette affiche : un corps sculptural, une moue sauvage et un paysage hostile en fond. L’âge de pierre version pin-up atomique.

Star globale, fantasme en 70mm

Raquel Welch dans le rôle de Constance Bonacieux et Michael York dans “Les trois mousquetaires” © Studio Canal 

Raquel Welch traverse les seventies en diva de l’écran large. Fathom, Myra Breckinridge (où elle joue une femme trans avant l’heure), Hannie Caulder la vengeuse western, Les Trois Mousquetaires en Constance Bonacieux affriolante, rôle qui lui vaut un Golden Globe. Et puis il y a L’Animal, en 1977, duo franco-américain improbable avec Belmondo. Jean-Paul fait le cascadeur, elle fait la star, et le public applaudit.

Elle enchaîne les rôles à la télé dans les années 80 et 90 : Hôtel, Spin City, Central Park West… et même Loïs & Clark, où elle joue une méchante charismatique. En 1998, Jérôme Cornuau la recycle en maman d’Ophélie Winter dans Folle d’Elle, aux côtés d’un Jean-Marc Barr infiltré chez les hétéros. Welch, toujours là, toujours à contre-courant, entre glamour et kitsch assumé.

Fitness, paillettes et postérité

Raquel Welch dans une position de yoga  © Pinterest

En parallèle, elle devient gourou de la forme avant l’heure : vidéos VHS, collants fluos, postures toniques. Welch se reconvertit en prêtresse du bien-être, avec manuels de santé et confessions soft dans Raquel: Beyond the Cleavage. Un titre évocateur, entre clin d’œil et autoportrait en décolleté philosophique.

Raquel Welch, c’était aussi ça : une icône qui savait jouer avec son image. Belle, oui, mais pas que. Ironique, intelligente, et parfaitement consciente de ce que l’époque projetait sur elle. Un corps pour fantasmes, une tête bien pleine, et une carrière longue comme une coulée de lave.

La belle et la bête (médiatique)

Elle ne fut ni Bardot ni Monroe. Trop brune, trop sud-américaine, trop… autre. Mais c’est justement cette étrangeté-là qui l’a propulsée hors des cadres. Welch venait d’ailleurs. Elle appartenait à ce pan du cinéma où la beauté est un choc visuel, une perturbation des normes. Pas une actrice classique, mais une créature de cinéma, au sens le plus spectaculaire du terme.

Aujourd’hui, son bikini en fourrure est exposé au musée des fantasmes collectifs, quelque part entre Tarzan, Barbarella et Wonder Woman. Welch est morte. Vive Welch.

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Rédactrice en chef et fondatrice de Rapporteuses, Lise-Marie Ranner-Luxin allie vision éditoriale et plume affûtée. Passionnée par les histoires humaines, les tendances culturelles et l’actualité qui fait débat, elle supervise la ligne éditoriale et guide l’équipe avec exigence et créativité. Journaliste expérimentée, elle sait capter les détails qui font vivre un récit et mettre en lumière des voix parfois oubliées, tout en cultivant un regard critique et engagé sur le monde qui l’entoure.
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