Il y a des phénomènes qui n’ont pas besoin d’auto-tune pour faire du bruit. Dans Nouvelle École saison 4, pendant que SCH et SDM jouent aux coachs de gladiateurs urbains, une fille du 20ᵉ arrondissement de Paname, est entrée dans l’arène avec un violon sous le bras et un flow aussi précis qu’une équation : 2L. Lola, 22 ans, étudiante en master de maths, rappeuse, violoniste, bref, une anomalie dans le game. Et si le futur du rap français tenait sur deux lettres ? 2L, la meuf qui kicke plus fort que son ombre, est la nouvelle pépite du rap français.
- SCH, SDM, et la nouvelle règle du jeu
- “J’essaie de parler de trucs qui m’importent, mais d’un point de vue de meuf”
- Des Ardentes à l’Olympia, sans détours
- “Le Secteur” nouvelle génération
- L’ère des duels, du stream et des stories
- De Booba à Lala &ce, l’évolution du game
- Le futur est féminin (et précis au millimètre près)
SCH, SDM, et la nouvelle règle du jeu
Pour cette quatrième saison, Netflix a sorti la calculette. Exit le trio Niska-Shay-SCH, place à un duel SCH vs SDM, façon Street Fighter version trap. Deux teams, deux esthétiques : l’un plus poète sombre, l’autre plus brut de bloc. Et au milieu, une poignée de jeunes MCs, affamés, formatés, dont 2L fait figure de révélation. La prod, le charisme, les punchs : tout y est. Mais au-delà du show, cette édition a la bonne idée d’ouvrir les portes à d’autres voix, féminines, hybrides, politisées sans en faire trop.
“J’essaie de parler de trucs qui m’importent, mais d’un point de vue de meuf”
Dans une industrie machiste, où les rappeuses doivent encore justifier qu’elles savent kicker, 2L n’a pas besoin de lever la voix pour qu’on l’écoute. Son écriture, c’est du scalpel : tranchant, lucide, technique. Pas de punchlines gratuites, pas de posture. Chez elle, le beat et le verbe sont une seule mécanique.
Mais avant de rapper, Lola a étudié la musique au conservatoire. Le violon lui a donné le sens de la mesure, la rigueur du geste. Et puis il y a les maths, l’autre discipline du rythme et de la logique. C’est peut-être pour ça que ses couplets tombent toujours juste, pas un mot de trop, pas un silence inutile.
Dans Nouvelle École, quand elle entre sur la prod, les mecs arrêtent de sourire. Flow chirurgical, regard fixe, assurance désarmante. « Elle va mettre tout le monde d’accord », titre déjà le Huffington Post, prophétie tenue.
Des Ardentes à l’Olympia, sans détours
Malgré son jeune âge, Lola n’est pas une novice qui débarque par hasard. Avant Nouvelle École, 2L avait déjà sa carte de visite : concerts au Mama Festival, scène du Châtelet avec Rappeuses en Liberté, passage aux Ardentes, première partie à l’Olympia. Dans la lignée des Casey, Diam’s, Keny Arkana, celles qui n’avaient pas peur de prendre le micro pour dire les choses comme elles sont. Mais avec cette nuance générationnelle : pas de guerre des sexes, pas de posture militante brandie comme un drapeau. 2L parle du réel, avec la précision du quotidien. Et ça tape.
“Le Secteur” nouvelle génération
Son collectif, Le Secteur, est un clin d’œil à l’histoire du rap hexagonal. Rien à voir avec le Secteur Ä fondé à Sarcelles, produit par Jérôme Ebella alias kenzy, qui a lancé Stomy, Doc Gynéco et Passi, ici, c’est la relève du 20ᵉ arrondissement. Des jeunes qui rappent, produisent, écrivent, montent leurs clips. Do it yourself, sans label, sans ego. L’esprit underground du rap des 90’s, mais connecté au stream et à l’algorithme.
L’ère des duels, du stream et des stories
Les puristes lèveront les yeux au ciel. Le rap télévisé, le rap Netflix, ça sent le formatage. Et pourtant, Nouvelle École continue d’être une machine à révéler. Pas seulement pour les gamins qui rêvent de showcase, mais pour des artistes comme 2L, qui savent transformer le jeu en tribune. Cette année, le public vote via Spotify, les morceaux sortent en streaming, les chiffres deviennent jury. Une sorte de retour à la rue… numérique. SCH et SDM jouent les chefs d’orchestre, mais c’est la foule qui choisit la note finale.
De Booba à Lala &ce, l’évolution du game
Si le rap français des 90’s était une lutte pour exister, celui de 2025 est une lutte pour durer. Les 2L, les Le Juiice, les KT Gorique reprennent le flambeau des Oxmo, des Rocé, des Lunatic, mais avec d’autres codes, d’autres champs de bataille. L’époque ne parle plus de “banlieue” mais d’“identité”. Le bling a laissé place à la sincérité, les clashs à l’introspection. Et dans ce virage, une meuf comme 2L tombe pile. Elle n’a pas besoin de rejouer la street pour exister : elle la pense, la raconte, la traduit en musique.
Le futur est féminin (et précis au millimètre près)
Il y a vingt ans, avec l’arrivée de la techno, on disait “le rap est mort”. Aujourd’hui, il compte plus de têtes que jamais, certaines portent du vernis, d’autres dépassent les maîtres. 2L est de celles qui ne viennent pas “représenter les femmes” mais représenter le niveau. Et quand elle dit qu’elle veut “mettre tout le monde d’accord”, ce n’est pas une provocation, c’est une promesse mathématique.
Sources :
Plus d’infos :
Son Instagram : @2zele_ls
Prochaines diffusions Nouvelle École sur Netflix : 7 et 14 novembre
Rumeurs d’un EP en préparation (titre provisoire : Avant l’Entracte II)

